Les affrontements entre étudiants ont fait six blessés depuis une semaine. La journée de protestation décidée, hier, par les étudiants de la faculté de droit de Ben Aknoun s'est transformée en vrai pugilat opposant des étudiants affiliés à diverses organisations estudiantines. L'organi-sation Ugel déplore, selon des témoignages recueillis sur place, un blessé au cours d'un affrontement qui a opposé ses adhérents à ceux de l'Unea et de l'Ujea. Les scènes de violence qui ont éclaté entre ces organisations ont failli causer des dégâts matériels et humains, n'était l'intervention de certains étudiants et des agents de sécurité se trouvant sur les lieux. Les mêmes scènes ont été également signalées à l'Université de Bouzaréah. D'ailleurs, le collectif des étudiants, à l'origine du mouvement de protestation, a enregistré 5 blessés dans ses rangs dont un adhérent de l'Unea, depuis la semaine dernière. Au campus de Bouzaréah, hier, des adhérents de l'Unea et de l'Ugel... qui appelaient les étudiants à reprendre leurs cours et à se démarquer du mouvement de grève, ont failli, a-t-on appris, provoquer de sérieuses scènes de bagarres parmi les étudiants. Aussi, faut-il le signaler, les étudiants, conscients du rôle assuré par les organisations estudiantines, ont dénoncé l'implication des partis de l'Alliance présidentielle voulant manipuler leur mouvement et l'étouffer. «Tout le monde sait que l'Ugel travaille pour les intérêts de Hamas, alors que l'Unea représente le FLN et l'Ujea le RND», a déclaré Hocine, un membre du collectif de Bouzaréah, avant de s'interroger: «Où étaient-elles ces organisations tout au début du mouvement, pour se montrer maintenant que les étudiants ont décidé de sortir dans la rue?» Outre ces incidents, «l'Unique» l'Entv s'est vue même hostilement refoulée par les étudiants grévistes. En lui reprochant d'oeuvrer dans la désinformation et de la manipulation, les étudiants, très remontés l'ont chassée et chahutée, hier, au campus universitaire de Bouzaréah. «Après avoir invité sur ses plateaux des faux représentants du mouvement des étudiants, bien sûr des représentants de certaines organisations pour parler de l'état des lieux à l'université et s'exprimer en porte-parole, l'Entv revient à la charge pour montrer d'autres scènes peu respectueuses. Les gens de l'Entv sont venus pour faire parler et donner l'opportunité à certains étudiants bien précis. Ces derniers appelleront, à coup sûr, à la reprise des cours et dire par voie de conséquence, que tout va bien à l'université, mais aussi et surtout pour saluer les efforts du ministre, comme l'on a l'habitude d'assister, malheureusement à ce genre de scènes», a fait savoir Farid, l'un des membre du collectif. Voilà ce que l'on appelle chez nous la liberté d'expression et l'ouverture des médias dit-il irrité. A Bouzaréah, il est à constater que des campagnes d'affichage et déclarations interposées ont atteint un niveau renseignant sur l'implication des formations politiques, ouvertement assumées par des adhérents de l'Alliance présidentielle. En effet, toutes ces organisations croupions sont notoirement connues pour servir d'auxiliaires à des partis politiques, afin de récupérer le mouvement de colère initié par les étudiants. C'est dire que le mouvement des étudiants gagne du terrain et aiguise ainsi les appétits des formations politiques. Pourtant, il ne s'agit là que d'un forme de désespérance et de l'inquiétude, exprimées pacifiquement et avec civisme par une classe représentant les cadres de demain. En vain. Depuis le 7 février dernier, des délégués, issus des différentes universités du pays et des grandes écoles, demandent tout simplement au ministre de leur tendre une oreille attentive. «Nous voulons juste que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique nous donne une certaine considération. Nous sommes partie prenante de l'université. Il est impératif que nous soyons invités aux rencontres et rendez-vous engageant notre avenir et celui de l'Université algérienne», a soutenu une étudiante de la faculté de droit de Ben Aknoun.