Le ministre russe des Affaires étrangères a promis que son pays ne fermera pas les yeux. L'Algérie et la Russie condamnent le recours à la force en Libye. «Nous avons une position commune avec l'Algérie en ce qui concerne le respect du droit fondamental à la vie humaine. Et, donc, nous condamnons tout recours à la force» dans tout pays, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l'issue d'une audience que lui a accordée le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. Le chef de la diplomatie russe a indiqué avoir eu avec le Président Bouteflika des «consultations stratégiques sur tous les aspects des événements qui se déroulent aujourd'hui dans la région», a-t-il déclaré. Et d'affirmer que la position de son pays «coïncide tout à fait» avec celle de l'Algérie concernant «le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, d'être les maîtres de leurs destins et de déterminer les réformes politiques nécessaires». Bien avant, le même responsable a promis de ne pas «fermer les yeux sur les défauts de cette résolution», a-t-il affirmé, lors d'un point de presse animé à la résidence El-Mithaq, avec son homologue algérien, Mourad Medelci. «Au sujet de la situation en Libye, il n'y avait pas que le Premier ministre Vladimir Poutine qui s'est exprimé, le président Dmitri Medvedev s'est aussi prononcé sur cette question. La Russie ne va pas fermer les yeux sur les défauts qui existent dans la résolution, c'est pour cela qu'elle n'a pas soutenu cette résolution en optant pour l'abstention», a-t-il précisé. Pour le chef de la diplomatie russe, cette zone a été instaurée dans un seul objectif, à savoir la protection des civils libyens. «L'objectif de la résolution 1973 était sans ambiguïté et exclusivement dédié à protéger la population civile, car il était inacceptable que les autorités libyennes aient recours à l'usage de la force contre les civils», a-t-il souligné. Et d'insister que les Etats qui assurent l'instauration de cette zone «doivent se limiter à cet objectif». Interrogé si la Russie changera de position à l'occasion de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU prévue demain, le diplomate a préféré annoncer que lors de cette réunion, il sera question d'évaluer la mise en oeuvre de cette résolution et de discuter le rapport du secrétaire général de l'ONU sur le sujet en question. Abordant la situation en Afrique du Nord et dans le Monde arabe, le ministre russe a averti qu'il pourrait y avoir des conséquences néfastes sur la région, dans le cas d'une perte de contrôle. «Si on perdait le contrôle de la situation, il pourrait y avoir de nouvelles manifestations de terrorisme» dans la région. Moscou, au même titre qu'Alger, soutient que la politique dans la région doit être «guidée par le droit international, y compris le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sans intervention extérieure». «L'attachement inconditionnel au droit international doit être le seul critère de l'effort consenti par la communauté internationale pour régler les crises», a ajouté le diplomate russe. Et d'insister sur le fait que tous les problèmes doivent être réglés par «des moyens pacifiques sur la base de la recherche d'un large consensus national sur ce qu'il faut entreprendre» dans tous les pays de la région. «C'est sur la base de ces principes que le processus démocratique en Algérie se développe et que la Russie soutient», a affirmé M.Lavrov, ajoutant que son pays espère que la situation en Tunisie et en Egypte «va évoluer de la même façon».