La Russie a réalisé un coup double hier. Elle a retiré ses troupes du territoire géorgien. Il ne reste que des forces de maintien de la paix en Ossétie du Sud et en Abkhazie, les deux régions séparatistes. Les Russes respectent ainsi le processus de paix. Non contents de la réaction de l'Otan vis-à-vis de la Russie. Elle a décidé hier de geler son partenariat commencé en 2002. Pour l'adjoint au chef d'état-major général des Forces armées russes, Anatoli Nogovitsyne, cette décision prise est avant tout une obligation. « La partie russe a été contrainte de prendre cette mesure. Ce n'est pas notre idée ». Cet arrêt de la coopération était prévisible dès jeudi. Le ministère russe de la Défense avait déjà décidé de geler provisoirement le partenariat militaire Russie-Otan, en attendant la décision du Kremlin. Ce dernier allant dans la même direction, celle-ci devient donc effective. Ce retrait russe est le premier du genre depuis la fin de la guerre froide. Les relations entre, d'un côté, la Russie et de l'autre les Etats-Unis plus l'Europe se tendent de plus en plus. La décision russe qui se dit obligée de suspendre son partenariat avec l'Otan est une réponse directe aux propos tenus lors de la réunion d'urgence de l'Otan. Les ministres des Affaires étrangère des 26 pays de l'alliance ont, dans une déclaration commune, « accusé la Russie d'usage disproportionné de la force en Ossétie du Sud ». Dans le même temps, ces mêmes ministres avaient décidé de suspendre les réunions du conseil Russie-Otan créé en 2002 à tous les niveaux. Ils ont aussi pris la décision de constituer une commission Otan-Géorgie qui sera chargée de contrôler la coopération entre ces deux acteurs. L'adhésion de la Géorgie à l'Otan n'était pas à l'ordre du jour, ne voulant pas trop se froisser avec la Russie qui est contre. L'Otan justifie ces décisions par, selon eux, le non-respect de tous les points du règlement du différend « Medvedev-Sarkozy ». Le Kremlin va donc plus loin avec la décision de suspendre ce partenariat. L'Otan, par la voix des Etats-Unis, trouve regrettable la décision russe. Cependant, le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Gordon Johndroe, a tenu à rappeler sa prise de décision de mardi : « Je ne peux pas imaginer, dans les circonstances actuelles, que nous nous engagions dans une coopération militaire avec les Russes tant que la situation en Géorgie n'est pas résolue. » Moscou lui, de son côté, souligne que l'Otan a davantage besoin de la Russie. Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe a tenu à rappeler le soutien de la Russie, surtout en Afghanistan avec son aide sur les transits des matériels vers ce pays. Egalement, il a déclaré que la Russie n'avait pas l'intention de se retirer de l'Otan : « Nous n'avons pas l'intention de claquer la porte. Tout dépend des priorités de l'Otan ; si ces priorités vont à un soutien inconditionnel au régime en faillite du président géorgien Saakachvili, et si le prix que les pays de l'Otan sont prêts à payer est la rupture des relations avec la Russie, ce n'est pas notre choix », avait averti, jeudi dernier, Sergueï Lavrov à la télévision russe. Le Kremlin donne ainsi le choix aux Américains et aux Européens entre eux et leurs ressources et de leurs poids ou le gouvernement de Saakachvili. Tout se joue comme une partie d'échecs, comme du temps de la guerre froide. Chaque camp avance son pion et attend la réaction de l'autre.