Personne n'en sait rien, pas même les autorités qui semblent en avoir complètement oublié l'existence. Ayant reçu leurs décisions d'attribution depuis 1991 par l'administration de l'ex- FIS, les «bénéficiaires» des 96 logements sociaux de Boumaâti (El-Harrach) attendent désespérément leurs habitations depuis 11 ans! Mais qu'est-il advenu de ce projet qui traîne depuis plus d'une décennie, et surtout des 8 milliards de centimes qui lui ont été attribués? Hormis les fondations, pas une brique n'est apparue, du moins jusqu'à la visite du Président de la République en 2000. Durant toutes les années précédentes, le projet était carrément à l'arrêt à cause, semble-il, de l'épuisement des ressources financières. Où sont passés les milliards déboursés? Personne n'en sait rien, pas même les autorités qui semblent avoir complètement oublié leur existence. A vrai dire, seuls les malheureux bénéficiaires, décisions en main, tiennent encore à «leur» projet chimérique et demandent des comptes. Le président de l'Association 96 logements de Boumaâti nous fera part de leur calvaire qui n'en finit pas. «Les décisions nous ont été octroyées en bonne et due forme par l'APC FIS, mais nous n'avons pas à entrer dans ces considérations politiciennes. Tout ce qu'on veut, ce sont nos droits que nous attendons depuis longtemps». En fait, ce qui a fait resurgir cette affaire, c'est que 24 logements ont enfin vu le jour, non sans «un coup de pouce» du Président qui avait ordonné le redémarrage de ce type de projet. Une autre enveloppe aurait même été accordée à cet effet. Seulement, voilà qu'on décide de convertir ces logements sociaux en participatifs. Une décision qui ne peut arranger en aucune manière les bénéficiaires, qui sont, pour la plupart des retraités, des sinistrés, des expulsés et autres, comme l'attestent leurs dossiers. Payer 20 millions de centimes (pour la première tranche) relève donc de l'impossible. C'est ce qui amène d'ailleurs les plaignants à penser que l'objectif latent est de «détourner ces logements au profit d'autres bénéficiaires», nous dira t-on. A ce propos, nous apprenons que le projet en question qui était conçu au départ pour 96 logements, a fait l'objet d'une extension pour se transformer en 126 logements. Le procédé était simple : diviser les F3 et F4 en F2 et F3, et une autre extension au niveau des étages. De quatre étages, ils sont passés à six. Mais au lieu que cette extension permette à d'autres familles nécessiteuses d'en bénéficier, il semblerait même que les premiers n'auront pas droit à leur toit. En effet, le président de l'association nous indiquera qu'il est fort probable que les 24 logements qui sont finalisés aillent aux sinistrés de Bab El-Oued. C'est ce que les responsables locaux leur ont indiqué. Même si la mesure permet à ces sinistrés de retrouver goût à la vie, il faut dire que beaucoup d'autres seront lésés. Pour cette raison, il serait peut-être plus équitable que tout un chacun puisse jouir de ses droits. Quant aux milliards envolés, il serait également bon d'y faire la lumière, juste par curiosité. Savoir dans quelle poche ils ont atterri...