L'Algérie s'est toujours opposée à une intervention militaire dans un pays souverain. Les pays occidentaux à leur tête la France, la Grande- Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique sont intervenus de façon brutale en vertu d'une résolution de l'ONU, contre la Libye en pleine guerre civile pour larguer des tonnes de bombes ayant entraîné la mort d'innocents civils dont des enfants. Une intervention démesurée qui répond aux attentes devenues presque inespérées, de l'organisation criminelle appelée Al Qaîda au Maghreb. Et dans toute la confusion qui a pris le dessus depuis le début des événements, la nébuleuse a réussi à retourner la situation en sa faveur en s'infiltrant parmi une rébellion énigmatique et en se dotant d'armes lourdes. Et c'est dans ce climat où les commandes ont été transférées, des forces coalisées à l'OTAN, que le président tchadien Idriss Deby confie dans un entretien à Jeune Afrique, que la nébuleuse, en profitant de la situation actuelle qui prévaut en Libye, a réussi à alimenter son arsenal en missiles antiaérien. Cette intervention étrangère qui ne manquera d' entraîner des fissures au sein même des forces coalisées, était tout à fait l'astuce recherchée par Al Qaîda, qui avait tenté tant bien que mal d'attirer des troupes militaires étrangères en Afrique et plus particulièrement au Sahel pour légitimer ses actions. Elle a toutes les raisons de dire a présent que son objectif a été atteint. C'est bien plus qu'une raison pour l'ancien ambassadeur américain David Pearce en Algérie, appelé à remplir ses fonctions de diplomate en Afghanistan, de renforcer les liens de coopération contre les réseaux terroristes d'Al Qaîda. Dans le sillage de l'intervention militaire des Occidentaux, l'essentiel de la composante de la nébuleuse qui se trouve actuellement sur le territoire libyen et plus exactement à Benghazi, est parfaitement ancré et bien équipé. L'Algérie, en s'opposant à cette intervention, a exprimé sa position en connaissance de cause. «C'est une intervention qui va engendrer plus de désolation en Afrique et rendra Al Qaîda plus redoutable que jamais, les conséquences seront très lourdes dont les retombées n'épargneront pas l'Algérie», nous confie une source sécuritaire. Cette intervention prolongera la vie des réseaux terroristes et emportera plus de vies. Sous prétexte de défendre le peuple libyen et la liberté, l'Occident impose de nouveau la «démocratie des bombes.» La résolution de l'ONU qui se traduit par une fuite en avant donne toutes les chances à Al Qaida et il est impossible que les Occidentaux ignorent ce fait, sachant parfaitement que l'une des plus importantes organisations terroristes en territoire libyen est dirigée par un certain Mohamed Hassan alias Cheikh Abou Yahia Allibi, obéissant lui-même à Ben Laden. En un mot, on vient de donner le titre de véritables moudjahidine aux terroristes d'Al Qaîda. Mais on ne sait pas jusqu'à a présent à quoi répond la politique extérieure des Occidentaux et à qui profite réellement cette agression coalisée qui se dessine à l'horizon aux termes d'un double jeu, aussi hypocrite l'un que l'autre. D'un côté on lance des bombes pour la bonne cause de la démocratie, de l'autre on veut s'organiser pour une commémoration des victimes du terrorisme, alors qu'on vient de nourrir ce fléau. Un fléau qui a engendré les 3 500 victimes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et plus de 100.000 victimes algériennes. En réalité, l'Occident oeuvre pour que le terrorisme demeure loin de son territoire et ses frontières et pour qu'il soit plus ancré au niveau des pays arabes et africains et la question reste très vivace dans l'esprit des plus conscients: au profit de qui travaille Al Qaîda? Une organisation qui n'épargne que le pseudo-Etat qu'on appelle Israël. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France ont été les pays occidentaux les plus touchés par le terrorisme et sous cette menace, beaucoup de pays arabes et musulmans en particulier, le Yémen, la Somalie, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Irak, et dans peu de temps l'Egypte, la Syrie ne seront pas épargnés. On va vers la division du Monde arabo-musulman, un fait qui répond à la théorie des néoconservateurs américains. Ainsi, dans l'avenir le Yémen sera divisé en deux. Même si les Etats-Unis expriment leur inquiétude quant aux réseaux de la nébuleuse qui y activent, il n'en demeure pas moins que le départ du président Ali Abdallah Saleh transformera ce pays en poudrière.