Le successeur de Brice Hortefeux à la place Beauvau le confirme dans un entretien accordé au journal Le Monde. L'ancien ministre français des Affaires étrangères a réussi à fâcher l'Algérie et pour longtemps sans doute. «Bernard Kouchner n'était pas désiré en Algérie, ni en Syrie. J'y suis allé, je lui ai même ouvert la voie en Syrie», a déclaré le nouveau ministre français de l'Intérieur, dans une interview publiée le 16 mars dans les colonnes du quotidien Le Monde. Il est donc désormais, acquis que la visite éclair effectuée le 21 février à Alger par l'ex-secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qui était à la tête d'une délégation de premier plan, dans laquelle figurait Jean-David Levitte considéré comme «Monsieur diplomatie de l'Elysée», avait pour objectif d'atténuer les propos tenus par Bernard Kouchner à l'encontre des responsables politiques algériens. «La génération de l'Indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple», avait confié le 20 février l'ex-chef de la diplomatie française dans un entretien accordé au Journal du dimanche. Le lendemain, Claude Guéant était à Alger pour jouer au pompier quand bien même du côté français on tentait de faire croire que la visite du secrétaire général de l'Elysée était programmée de longue date. «La visite de Guéant a été programmée depuis deux semaines. Elle n'intervient pas au lendemain des déclarations de M.Kouchner», avait indiqué une source proche du dossier. Le sujet a incontestablement été évoqué et comment aurait-il pu en être autrement. «Il revient au ministre des Affaires étrangères (Bernard Kouchner, Ndlr) de s'expliquer sur ses déclarations», aurait déclaré Claude Guéant au cours de l'entretien qu'il a eu avec Ahmed Ouyahia. Un lâchage en bonne et due forme du «French Doctor» en attendant qu'il soit purement et simplement remercié lors du dernier remaniement ministériel opéré par Nicolas Sarkozy. La visite éclair des deux émissaires du chef de l'Etat français avait bel et bien pour objectif immédiat de ne pas rompre le fil bien ténu des relations diplomatiques tumultueuses entre Alger et Paris: «Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique Jean-David Levitte, n'ont pas eu la tâche aisée», avait rapporté le quotidien Le Monde. Bernard Kouchner a eu beau faire des pieds et des mains pour se rendre en Algérie mais le verdict est tombé. La rencontre annoncée au mois de septembre 2010 entre le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, et son homologue français, Bernard Kouchner, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, n'a pas eu lieu. C'était probablement trop tard. Le passif est trop lourd. Il ne peut être gommé au cours d'un entretien. «Il y a des dossiers qui font mal», a lâché le chef de la diplomatie algérienne. Le traitement réservé au diplomate algérien Hasseni dans le cadre de l'assassinat d'Ali Mecili, l'affaire des moines de Tibhirine qui fut ressuscitée juste pour tenter de démontrer l'implication de l'Armée nationale dans leur exécution par le GIA (groupe islamique armé), et la décision par la France de faire figurer de façon unilatérale l'Algérie sur la fameuse liste des pays estimés «à risque», ont jeté un coup de froid sur les relations entre les deux pays. La messe était dite pour Bernard Kouchner.