Le service minimum est assuré dans les 10 CHU que compte le pays. «On a tout dit, tout expliqué. Malheureusement ils ne veulent pas comprendre.» C'est avec cette phrase lourde de sens qu'un médecin résident tente d'interpeller sa tutelle restée muette à l'appel d'urgence. Rencontré hier au CHU Mustapha Pacha d'Alger, ce résident en chirurgie se dit outré par le manque de réaction des autorités par rapport à leur mouvement qui ne cesse de se radicaliser. Ils ont tenté de nouer le dialogue avec les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, en vain. Ils ont décidé de passer à une nouvelle étape. En effet, comme il a été décidé vendredi lors de la réunion nationale du Collectif autonome des médecins résidents, une grève nationale illimitée a débuté hier. «Veulent-ils que la situation dégénère? Sinon, comment expliquer la mascarade mise en scène par Oueld Abbès, mercredi passé?», s'interroge un autre résident du même hôpital. «C'est un manque de respect envers la profession! Et pourtant il est médecin de formation...», ajoute-t-il d'un air abattu. Pour le Dr Ilyas, l'un des délégués en chef des résidents de l'hôpital Mustapha Pacha, «ce coup bas du ministre est l'une des principales raisons du durcissement du mouvement avec cette grève illimitée». «Les propos du ministre nous ont touchés dans notre amour-propre», révèle le Dr Ilyas. «Qu'a-t-il voulu faire avec ce coup de bluff?», se demande-t-il. «Le ministre avait organisé une réunion qui concerne notre avenir sans nous associer», souligne-t-il. «Qu'il ne vienne pas essayer de nous berner avec l'excuse du fax. Les délégués qui lui ont parlé, dont je fait partie, lui ont tous remis leurs cordonnées, mail, adresse du domicile, numéro de téléphone...», tient-il à préciser. Pour lui l'excuse du ministre ne tient pas du tout la route. «Ce n'est qu'un subterfuge pour nous rabaisser et se dédouaner. La donne est pourtant simple, il ne nous a jamais invités à cette rencontre», peste-t-il. Même son de cloche du côté de l'hôpital de Douéra. Un autre des délégués nationaux, le Dr Benhabib, en l'occurrence, est toujours aussi formel: «Nous n'avons reçu aucune invitation du ministère». «On demande, au préalable de toute négociation, la levée de la mesure discriminatoire et anticonstitutionnelle qui est l'obligation de passer un service civil», dit le Dr Benhabib. Cependant, «on est prêts à participer à l'effort national de la couverture sanitaire dans les zones les plus enclavées du pays, et en particulier celles du Sud et des Haut-Plateaux», avoue pour sa part le Dr Kouider, médecin résidente au CHU Nafissa-Hamoud d'Hussein Dey (ex-Parnet). Elle nous révèle également qu'à l'instar des 10 autres CHU de tout le territoire national qui forment des résidents, celui de Parnet est aussi touché par la grève des résidents. Elle tient néanmoins, à signaler que «le service minimum est assuré». Au premier jour de la grève, les résidents ne décolèrent pas.