Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ancien Président algérien joue désormais à visage découvert. Ahmed Ben Bella, invité samedi soir de la chaîne Al-Jazira pour la seconde partie de l'émission Témoin de l'époque, vient de franchir le Rubicon. L'animateur, Ahmed Mansour, a pressé son invité de lui dire qui se trouvait derrière l'arraisonnement par l'armée française de l'avion qui transportait les cinq dirigeants de la Révolution algérienne, première acte de piraterie aérienne, qui a dû donner pas mal d'idées aux terroristes actuels et passés. Ben Bella, pour toute réponse, a insisté pour dire qu'il préférait rester discret sur cette affaire afin de ne pas ternir la mémoire de certaines personnes disparues. Cela n'a pas empêché l'ancien Président algérien de continuer à tomber à bras raccourcis sur le grand théoricien de la Guerre de Libération nationale, le grand leader Abane Ramdane. Cet homme, figure charismatique du noble combat du peuple algérien pour son émancipation, a été foulé aux pieds et souillé de boue par Ahmed Ben Bella. Un homme qui, dans le même temps, refuse de dénoncer celui qui a vendu aux Français les cinq leaders politiques de la Guerre de Libération nationale. Le tout-Alger sait pourtant que Ben Bella ne s'est jamais empêché, dans le privé, d'accuser vertement le défunt souverain marocain Hassan II d'être derrière la fuite qui a permis aux autorités coloniales de l'époque de neutraliser les cinq dirigeants de la Révolution algérienne. Ben Bella, en agissant de la sorte, ménage un Marocain en dépit du froid diplomatique installé entre les deux pays et continue à souiller la mémoire de l'un des plus grands héros de l'héroïque Guerre de Libération nationale. Il semble que celui qui a déjà eu à revendiquer publiquement la naissance de ses parents au royaume chérifien ne soit pas près de renier ses origines. C'est l'impression qu'il donne du moins. Ce qui est dommageable pour un homme de son aura, qui a tant donné pour la cause nationale et qui a sacrifié ses plus belles années au service de sa patrie avant de finir sa vie en lançant des anathèmes à peine croyables sur d'héroïques martyrs.