C'est au cours de l'émission «Hiwar Essaâ» diffusée par la télévision nationale le 30 mars 2011 que le secrétaire général du RND a évoqué sa potentielle candidature au Palais d'El Mouradia. Ahmed Ouyahia briguera-t-il la magistrature suprême en 2014? Le scénario s'esquisse. Le Premier ministre préfère cependant laisser faire le «Mektoub» tout en empruntant une parabole qui ne laisse planer que très peu de doute quant à la trajectoire de son parcours politique. Une ambition somme toute logique pour un leader dont la formation politique ambitionne de conquérir le pouvoir. Interrogé par Thouraya Zerfaoui sur son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, le patron du Rassemblement national démocratique, dans un style qui le caractérise, a fait un parallèle avec l'ex- président français, Valéry Giscard d'Estaing, qui avait déclaré en 1974 sur sa conquête du Palais de l'Elysée: «C'est la rencontre d'un homme avec son destin». Ahmed Ouyahia a fait sienne cette réplique et donne un sérieux indice quant à sa conviction et à son cheminement politiques. Un destin sous-tendu par une croyance religieuse à toute épreuve. Tout bon musulman attend ce petit coup de pouce que l'on appelle communément chez nous, Mektoub, et auquel le Premier ministre s'en remet tout naturellement. «Venant d'un chrétien (V. Giscard d'Estaing, Ndlr), pareille réplique prendrait plus de sens lorsqu'elle est le fait d'un musulman», a précisé Ahmed Ouyahia en croyant convaincu. Les déclarations de l'actuel patron de l'Exécutif surviennent au lendemain de la tenue de plusieurs réunions qui ont regroupé les plus hauts responsables de l'Etat et auxquelles a pris part le Premier ministre. De nombreuses mesures ont été décidées et seront annoncées par le président de la République. Abdelaziz Bouteflika a-t-il pris la décision de ne pas se représenter pour la présidentielle de 2014? Possible. Il faut impérativement rappeler que le secrétaire général du Rassemblement national démocratique n'a jamais eu l'intention d'affronter le chef de l'Etat à chaque fois qu'il s'est porté candidat à la magistrature suprême. «L'homme qui est devant vous ne se présentera jamais à l'élection présidentielle contre M.Abdelaziz Bouteflika», avait affirmé Ahmed Ouyahia à l'occasion de la 6e session ordinaire du conseil national du RND qui s'est tenue à la fin du mois de mars 2006 à l'hôtel Sidi Fredj (Voir l'Expression du 1er avril 2006). Les deux hommes se vouent une confiance et un respect mutuels que ne sauraient altérer des joutes électorales, fussent-elles présidentielle. «Je m'honore de sa confiance. Nos relations sont marquées par le respect et l'écoute mutuels. Mon rôle est de gérer les affaires publiques et de préparer les dossiers appelés à être soumis à l'arbitrage du président de la République. Je témoigne, une nouvelle fois, que la collaboration se déroule dans une parfaite symbiose et dans une dynamique intéressante. Je suis mieux placé que d'autres pour tenir ces propos dans la mesure où j'ai occupé ces fonctions à deux reprises par le passé», avait déclaré Ahmed Ouyahia au mois de janvier 2004 dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, neuf mois après son retour à la tête du gouvernement. Faut-il comprendre aujourd'hui que le chemin qui mène vers le Palais d'El Mouradia sera libre pour lui en 2014? On n'en saura pas plus si l'on s'en tient, strictement, aux déclarations de l'invité de l'Entv. Dans tous les cas de figure, un rendez-vous important attend la formation politique du chef de l'Exécutif. Les élections législatives qui devraient se dérouler dans une année représenteront une échéance qui aura valeur de test pour Ahmed Ouyahia pour la prochaine présidentielle, dans l'éventualité où le chef de l'Etat renoncerait à un troisième mandat. Le SG du RND aura à redouter à plus d'un titre le Front de libération nationale qui détient une majorité relative (137 députés) au sein du Palais Zighoud-Youcef et, à un degré moindre, le Mouvement de la société pour la paix de Bouguerra Soltani qui s'est fixé comme objectif la conquête du pouvoir en 2012, à travers les législatives. Un rendez-vous électoral qui annonce une lutte fratricide au sein de l'Alliance présidentielle. Ahmed Ouyahia doit négocier cet écueil en conquérant pour avoir un pied à l'étrier dans l'hypothèse de sa candidature à la magistrature suprême.