Une délégation a été reçue à la présidence de la République. Chose promise, chose presque faite. Les gardes communaux ont tenu leur rassemblement, hier, à la place des Martyrs, à Alger. Ils étaient des centaines à observer leur sit-in, initialement, prévu devant le siège de la présidence de la République. «Nous allons occuper la place des Martyrs jusqu'à la satisfaction pleine et entière de nos revendications», a menacé un garde communal présent sur les lieux, sous le couvert de l'anonymat. La pression des gardes communaux a été telle qu'une délégation composée d'une dizaine de représentants a été reçue à la présidence de la République pour exiger la satisfaction de toute les revendications des contestataires. «Le résultat de cette audience déterminera la suite à donner à notre protestation», a indiqué un autre garde communal. Les gardes communaux ont bravé l'interdit, refusant, ainsi, de céder devant l'impressionnant dispositif de sécurité mis en place depuis la veille. Initialement, ce rassemblement était prévu devant le siège de la Présidence, mais devant le plan dissuasif mis en place par les forces de sécurité pour empêcher tout accès ou tout regroupement, les gardes communaux décident de changer de lieu pour leur rassemblement et s'obstinent à se faire entendre depuis, n'importe où. «Ils ne nous feront pas reculer avec leur répression, on est déterminés plus que jamais à arracher nos droits longtemps bafoués», poursuit notre interlocuteur. Dès les premières heures de la matinée, El Mouradia donne une image d'état de siège. Tous les boulevards, toutes les ruelles, tous les recoins sont quadrillés. Des milliers de policiers antiémeute sont déployés pour parer à toute éventualité. Mais il s'avère que tromper l'appareil répressif demeure une question anodine pour ces manifestants, puisque déjà toute leur carrière est jalonnée de sacrifices et d'exploits qui ont fait échouer de nombreux plans terroristes. C'est au prix de leur expérience acquise sur le terrain de la lutte antiterroriste qu'il ont pu sauvegarder la sécurité de la République et l'unité de la nation. «Cette même République dont les responsables demeurent sourds aux revendications de ces hommes surnommés, la chair à canon» conclut-il. Des revendications soulevées depuis leur première action de protestation le 07 mars dernier. Une série d'exigences qui se résument en 14 points actuellement sur la table des discussions. Entre revalorisation des salaires, réparation matérielle et morale, statut officiel et d'autres points encore, pour l'instant, toutes les propositions émises par le ministère sont rejetées en bloc par les gardes communaux. Les initiatives avancées restent insignifiantes, jugent-ils. Le bras de fer entre les gardes communaux et les autorités continue.