Répartition des revenus de la wilaya, préparation de la saison estivale, destruction des constructions illicites sont des dossiers qui mobilisent. Les jours se suivent et se ressemblent à Béjaïa. Les manifestations de rue aussi. Hier encore, la rue s'est exprimée dans différentes localités de la wilaya de Béjaïa. De nombreux citoyens n'ont pas pu rallier la capitale des Hammadites en raison de blocages multiples. D'autres n'ont pas pu s'acquitter de leurs devoirs tant au niveau de la Sonelgaz qu'au niveau des services du commerce du fait des grèves qui les affectent. Alors que les trois manifestations enregistrées avant-hier soulevant des revendications tant sociales qu'économiques, n'ont pas trouvé d'écho, celle d'hier s'est achevée de la même manière. Mais la présence féminine a été au centre des préoccupations des habitants de la station balnéaire de Tichy. Pour se faire entendre, une partie des habitants de cette localité a fermé la RN 9 à la circulation. Sous prétexte «d'atteinte à la moralité», les habitants qui en sont à leur troisième manifestation, revendiquent le départ des filles de joie, niant de ce fait un droit de libre séjour et circulation garanti par la Constitution. La maire de cette localité s'est déclarée incompétente face au «fléau» qui relève des services de sécurité. Il est utile de préciser à ce niveau que ce sont les femmes qui louent chez les particuliers qui sont visées. Et paradoxalement, ce sont ces mêmes particuliers qui revendiquent leur départ alors qu'il suffit tout juste de le leur signifier évitant ainsi de pénaliser les autres usagers de la RN09. Quant aux autres femmes résidant dans les établissements hôteliers, elles sont soumises à la réglementation en vigueur. Ce mouvement de protestation qui n'est pas nouveau, surgit à la veille de chaque saison estivale. Entre les opérateurs, qui veulent le maintien de la situation en l'état et les moralistes qui n'ont d'yeux que pour un changement radical des moeurs, le débat n'est pas près d'être clos. A Tinebdar, les habitants se sont donné rendez-vous au gisement d'argile se trouvant sur le territoire de leur commune. Elus locaux et citoyens se sont solidarisés pour revendiquer la réappropriation des richesses naturelles de leur commune. Trois ans durant, des démarches effectuées pour l'arrêt de l'exploitation d'argile et du tuf dont la commune ne tire aucun profit, se sont avérées vaines. Conséquemment, les habitants de la commune de Tinebdar sont sortis de leur réserve. La goutte qui a fait déborder le vase était l'octroi d'un nouveau titre minier à un nouvel exploitant. Ce qui n'a pas manqué de provoquer la colère des comités de villages soutenus par l'autorité communale. Ces derniers ont initié un rassemblement de protestation devant l'entrée du gisement d'argile afin de dénoncer «le mépris des autorités à leurs doléances, la violation des propriétés privées et la spoliation des richesses communales». Partant, les villageois frondeurs demandent «l'arrêt immédiat de toute exploitation des deux gisements, la remise des bénéfices des deux gisements au profit de la collectivité locale, le respect de la propriété privée et l'implantation d'une zone d'activité». Faute de quoi, avertissent les villageois, l'action d'hier n'est qu'un prélude à une autre série de grande envergure. Ceci dans un délai de 15 jours. Si, à Tinebdar, la population s'est solidarisée avec son maire, B. Benadji pour la sauvegarde des biens communaux, ce n'est pas le cas à Souk El Tenine où la gestion locale est décriée. En effet, de l'autre côté de la wilaya, ce sont les citoyens de Souk El Tenine qui ont tenu, pour la deuxième journée consécutive, un sit-in qui s'est traduit, hier, par le blocage de la RN 09 et cela des heures durant. A travers cette action, les habitants de cette localité balnéaire ont dénoncé une construction illicite érigée au niveau du camp de toile n° 03. Déjà promise par le wali de Béjaïa, la démolition de cette bâtisse, oeuvre d'un privé, tarde à ce concrétiser sur le terrain. D'où cette colère qui n'est pas sans signifier tout l'intérêt qu'accordent les citoyens aux richesses de la commune. Hier, deux grèves ont également paralysé les services de la Sonelgaz et de la direction du commerce. Les travailleurs de ces deux entités continuent à revendiquer la revalorisation de leurs salaires. Bref, une situation loin d'être reluisante a caractérisé la région de Béjaïa. Une région qui n'est pas près de renouer avec la sérénité tant que le dialogue demeure inexistant.