La productivité de nos entreprises particulièrement publiques en ce mois sacré devient quasiment nulle. Afin de déterminer les facteurs «aggravants», notre investigation s'est focalisée sur un phénomène très répandu en ce mois. Constatation faite sur place: sur les lieux de travail, les postes se vident avant même l'heure de la sortie. Le hic c'est qu'aucune mesure de sanction n'est retenue à l'encontre des «esquiveurs» afin de mettre fin à cette mascarade. Mourad, un employé d'une société publique explique «ce phénomène» par le fait que même les responsables appliquent cette «logique», «Mon chef sort à 13h, ce qui m'encourage à sortir juste après lui», estime-t-il. Un autre employé évoque d'autres prétextes qui le poussent à sortir avant l'heure. «Vous avez vu l'embouteillage qui se forme à l'heure de pointe». Il ajoute: «Je sors avant pour pouvoir éviter une bagarre certaine.» Mais faut-il encore ne pas tomber sur les mêmes heures d'esquive, afin d'éviter ce spectre de la circulation. Le transport reste souvent le prétexte pour justifier ces escapades. «Je trouve des difficultés à regagner mon domicile l'après-midi, d'ailleurs, le premier jour, j'ai failli rompre le jeûne en cours de route. Pour éviter ce calvaire je sors à 13h pour être chez moi avant 15h», explique une dame. Le plus accablant dans tout ça, ce sont nos hôpitaux qui ne font pas exception à la règle. A partir de 13h, les services commencent à se vider. Une infirmière justifie cet état par le fait qu'il y a des équipes réduites qui assurent le service minimum. «Nous n'avons jamais refusé un malade, même à l'heure du f'tour. Nous sommes conscients de l'importance de notre tâche», s'insurge-t-elle. Reste que, ajoute-t-elle, «les aléas du transport nous poussent à nous arranger entre collègues». De notre côté, nous avons essayé de contacter un responsable au niveau d'un ministère, pour confirmer des informations relatives au sit-in que comptait organiser la Satef devant la présidence. Nous avons reçu cette réponse: «il est midi, je doute que mon responsable retourne à son bureau». Ce qui est certain cependant, c'est que chez le privé, ce genre de pratique n'existe pas. Les entreprises privées fonctionnent selon le timing élaboré pour ce mois sacré. Un directeur, d'un groupe privé, estime qu'à l'ère de l'économie de marché, chaque minute a son importance «déjà qu'avec le rétrécissement du volume horaire, la productivité diminue. Sortir avant l'heure reste inadmissible», précise le directeur. Pour ce responsable, ces heures perdues doivent être récupérées.