Les étudiants préparent leur marche de ce mardi à Alger. Pédagogues, enseignants, étudiants et observateurs n'écartent pas le spectre d'une année blanche à l'Université. Mais le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, est, quant à lui, rassuré que l'année universitaire s'achèvera selon les normes pédagogiques. Il a prétendu jeudi dernier, à partir de l'université de Constantine, que le programme pédagogique sera mené à terme. «Il n'y a pas de souci, toutes les universités fonctionnent normalement», a-t-il soutenu alors que du côté de la communauté estudiantine, les signaux sont au rouge. «La politique du silence maintenue par M.Rachid Harraoubia renseigne sur son incapacité à gérer les événements secouant l'Université algérienne et a mis au jour l'échec de ses réformes ayant coûté des centaines de milliards», a déclaré M.Nacer Aït Mouloud, enseignant-chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran. Selon lui, le spectre de l'année blanche est confirmé. Il n'y a pas de doute là-dessus. Les étudiants n'ont même pas achevé les cours de leur premier semestre alors que «nous sommes aux portes de la fin de l'année universitaire», précise-t-il. Celle-ci s'achève, en temps normal au plus tard à mi-mai, soit d'ici une trentaine de jours. En fait, M.Nacer Aït Mouloud, auteur d'une étude sur la «conception de la démocratie dans les milieux estudiantins», a fait remarquer que les normes certifiant la validité de l'année pédagogique excluent, dans le fond et dans la forme, de considérer que l'année universitaire 2010/2011 est conforme aux normes pédagogiques universelles. Le même constat a été donné par le pédagogue-consultant auprès des organismes publics, Kaci Allèche. Il a précisé dans cet ordre d'idées que les étudiants ne pourront pas achever le programme pédagogique jugeant qu'il est impératif que l'année universitaire 2010/2011 soit refaite, à moins que les vacances d'été soient sacrifiées et seront, par voie de conséquence, consacrées aux cours à titre de rattrapage. Toutefois, Kaci Allèche a soutenu que l'été ne sera jamais une période favorable. Et d'ajouter: «Il est inconcevable d'organiser des examens après 2 ou 3 mois d'arrêt des cours.» C'est dire que les règlements pédagogiques remettent en cause la manière avec laquelle le ministre de l'Enseignement supérieur gère l'Université. La politique appliquée par l'institution en question est, relève-t-il, vouée à l'échec. Son maintien au poste de premier responsable de secteur de l'Enseignement supérieur laisse penser, selon M.Kaci Allèche, que les hautes autorités du pays veulent sacrifier l'avenir de centaines de milliers d'étudiants, tout en jetant le discrédit sur cette institution. Tout en maintenant leur position, les étudiants ont fait savoir que le temps ne se prête pas pour évaluer la validité de l'année pédagogique. Il s'agit pour eux de parler d'une réforme fondamentale concernant l'Université afin que celle-ci soit hissée au rang des universités des pays voisins. «Pour le moment, nous attendons du ministre de répondre à notre plate-forme de revendications, soulevant les véritables problèmes auxquels fait face désespérément notre Université», a soutenu Mounir, membre de la Coordination nationale autonome des étudiants. Et d'ajouter: «Le ministre est en totale rupture avec son propre secteur. Il dit que tout va bien à l'Université, alors que nous sommes en grève depuis 3 mois, c'est complètement irresponsable et irréfléchi.» Après des sit-in et des rassemblements réguliers observés par la communauté estudiantine devant le département de Rachid Harraoubia depuis le début de février dernier, voilà que les étudiants s'apprêtent à marcher à Alger, ce mardi, suite à l'appel de la Cnae.