Les psychiatres ont tiré la sonnette d'alarme concernant le phénomène de la toxicomanie qui est en pleine extension en Algérie. La journée d'étude organisée au CHU de Tizi Ouzou en présence de psychiatres et de spécialistes venus de plusieurs wilayas a été une nouvelle occasion pour faire une halte sur l'un des fléaux qui menacent le plus notre jeunesse. Le phénomène de la consommation de la drogue est devenu presque une chose banale. Ce n'est qu'une fois que des dérapages commencent à apparaître que l'on se rend compte de la gravité de la situation. Alors, le toxicomane est souvent entre les mains de la justice. Mais comment gérer ces cas? Faudrait-il qu'ils soient considérés comme étant des dealers que la justice prendra en main ou bien s'agira-t-il de cas de malades plutôt à plaindre et à prendre en charge? Afin de trouver la meilleure manière à même de gérer ce genre de problèmes, l'Etat algérien a mis en place un dispositif de loi qui permet de mieux faire face à ces situations. La loi du 25 décembre 2004 stipule que lorsqu'il paraît au procureur de la République qu'une personne, ayant fait un usage illicite de stupéfiants ou de substances psychotropes, s'est soumise, à compter de la date des faits qui lui sont reprochés, à la cure de désintoxication ou à la surveillance médicale qui lui ont été prescrits, il décide le non-exercice de l'action publique en vertu du rapport médical présenté par l'intéressé. Toutefois, le procureur de la République peut ordonner l'examen de l'intéressé par un médecin spécialiste. La même loi permet au procureur d'ordonner l'examen du toxicomane par un médecin spécialiste et désigne une cure de désintoxication dans un établissement spécialisé et enfin ordonne son placement, sous surveillance médicale, le temps nécessaire prévu par l'examen médical. Lors de son intervention, le psychiatre Abbès Ziri a souligné que la toxicomanie constitue l'un des grands maux qui rongent les sociétés modernes. «L'Algérie à l'instar des autres pays n'a pas été épargnée par ce fléau, qui est aggravé par la situation géographique au voisinage du Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde avec 60% de la production mondiale ainsi que des pays du sud du Sahara. Le cannabis reste la drogue la plus prisée par les toxicomanes algériens avant les psychotropes», a indiqué l'orateur. Ce dernier a rappelé aussi que la toxicomanie constitue un danger réel dont l'évolution est assez inquiétante ces dernières années en Algérie. La journée d'étude a permis de rappeler que le toxicomane est le plus souvent un jeune adulte, célibataire, au chômage, et que les produits utilisés sont le cannabis, l'alcool, les psychotropes, les solvants et les drogues dures. La moyenne d'âge de la première consommation se situe entre 17 et 18 ans. Le professeur Ziri et Bachir Ridouh, psychiatre, ont rappelé à cette occasion que l'Etat a mis les moyens nécessaires pour la prise en charge de ce problème avec, notamment, les projets de réalisation de 53 centres intermédiaires de soins des toxicomanes ainsi que de 13 centres de cures de désintoxication. Le problème ne réside donc pas au niveau des moyens mais le paquet doit être mis sur la prévention qui a un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre la toxicomanie.