Alors que la direction de la culture attend les subventions pour bouger, d'autres initient des opérations sans argent... Parfois il suffit d'un rien pour faire des merveilles. Ce qui se passe à Bouira en ce mois de ramadan l'illustre bien. «Oui! La culture ne se décrète pas». Disposer d'une direction qui à longueur d'année ne fait que rédiger des rapports sur des opérations qui comme par hasard ne se tiennent que là où il est difficile de vérifier (projection d'un film en plein air à Bordj Okhris la nuit !), est une raison qui suscite l'ire des citoyens qui voient les années se succéder et se ressembler ,et qui assistent impuissants à la dégradation du patrimoine culturel de cette wilaya. L'ex président APW, docteur Mohamed Bouha, nous a invités dans un lieu qui, ironie du sort, se trouve à moins de cent mètres de nos bureaux. Le restaurant «Le Triangle» grâce à la volonté d'une troupe amateur de chaâbi et, à la bonne initiative de Ami Arezki, un notable, un vrai fils du bled qui ne se bouscule pas à l'occasion des cérémonies protocolaires mais qui s'empresse d'assister les jeunes quand ils le sollicitent, assure une animation digne des grandes villes de l'Est et de l'Algérois. La troupe qui comprend deux cheikhs en les personnes de Feradji Abdelkader et Bachir Redha puisent dans le terroir national des qaçaïds qui ont, jadis, fait la gloire des Slimane Azem, El-Anka, El-Hasnaoui et du chantre de la cause berbère Matoub Lounès. La troupe, dont la moyenne d'âge n'excède pas les 25 ans, est formée de Tali Azzedine (violon), Kaci Redha et Zimi (banjo), Kamel Assi (guitare) et Lamine à la percussion. Domiciliée au centre culturel Mouloud-Mammeri où la directrice Mlle Yacoubi leur accorde toutes les facilités, cette troupe chaâbie a, d'un commun accord avec le propriétaire du Triangle, décidé d'assurer des soirées tout au long du mois sacré. Les prestations et le service qui sont d'une qualité digne des grands palaces, le calme, la gentillesse du public et cette convivialité que seuls les gars du chaâbi savent créer, pousseront et amèneront les familles à venir veiller dans une ambiance empreinte de respect et de sérieux. La seconde surprise pour nous, invités d'une soirée, viendra du prix des consommations. Oui les prix sont les mêmes que ceux des cafés où les verres ne sont même pas lavés et où les parties de domino frisent les combats de boxe thaï. En face de cette volonté de faire sortir Bouira de la léthargie, la direction de la culture, elle, continue à attendre les subventions pour bouger et organiser le énième Salon national du livre avec deux libraires, ou les journées d'art avec des poètes d'un autre âge spécialisés dans les techniques du remerciement verbal sans rimes ! Le rebelle de la littérature locale «Hacène Fadhel» primé plusieurs fois à travers le territoire national nous apprendra que de retour d'un festival national où le premier prix lui a été décerné, la direction de la culture n'a à ce jour pas daigné le recevoir, et exige une facture pour lui rembourser ses frais de déplacement. Drôle de manière de récompenser! S'agissant toujours de cette institution, les citoyens s'interrogent du sort réservé au Festival national de la chanson amazighe qu'avait envisagé d'organiser la DJS mais que la wilaya a préféré confier à la cultue. Celui-ci aurait été annulé.