Selon un rapport, 846 civils sont morts dans les manifestations ayant poussé au départ M.Moubarak. La détention de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak a été prolongée de 15 jours, jusqu'à la mi-mai, dans le cadre de l'enquête sur la répression des manifestations ayant conduit à sa chute. L'ex-président, 82 ans, chassé le 11 févier par une révolte populaire ayant mis fin à trois décennies de pouvoir, avait été placé le 13 avril en détention pour 15 jours, poursuivi ainsi que ses deux fils Gamal et Alaa pour la violente répression du mouvement de contestation. «Le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, a décidé de prolonger de 15 jours la détention de l'ancien président Hosni Moubarak pour les besoins de l'enquête», a indiqué hier l'agence officielle Mena. La prolongation entrera en vigueur à l'issue de l'expiration le 28 avril de la première période de détention du président déchu, a-t-elle précisé. Selon le porte-parole du Parquet, le juge Adel Al-Saïd, cité par Mena, des membres du parquet se sont rendus hier à l'hôpital de Charm el-Cheikh, la station balnéaire sur la mer Rouge, pour poursuivre l'interrogatoire de M.Moubarak, soigné depuis le 12 avril après avoir été placé en détention provisoire dans cet établissement. Il a été interrogé sur les responsabilités dans la mort de manifestants lors de la révolte (25 janvier-11 février) et sur les contrats controversés de vente de gaz égyptien à Israël qui ont abouti à des pertes de plusieurs milliards de dollars pour le pays, a précisé le parquet. Selon un rapport, 846 civils sont morts dans les manifestations ayant poussé au départ M.Moubarak. Un membre d'une commission d'enquête sur la répression a indiqué que l'ex-président était complice dans ces violences meurtrières. L'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli est actuellement jugé pour avoir ordonné des tirs contre des manifestants. Plus de deux mois après la chute de M.Moubarak, la pression reste forte en Egypte pour que l'ancien président et sa famille proche soient traduits rapidement devant la justice. Toutefois, son état de santé reste «instable», a indiqué jeudi une source médicale. Ses médecins «procèdent à de nombreux examens (...) médicaux pour en connaître la cause». Parallèlement, le Parquet général a annoncé qu'il étudiait un transfert de l'ancien président dans une prison ou un hôpital carcéral. Le procureur a chargé une équipe médicale de se rendre à Charm el-Cheikh pour évaluer son état de santé et la possibilité de le transférer à la prison de Tora ou à l'hôpital de cette prison du Caire. Cette équipe, menée par le chef des médecins légistes, Sebaï Ahmad Sebaï, doit se rendre mardi au chevet de M.Moubarak, selon l'agence Mena. La justice avait demandé au ministère de l'Intérieur son transfert à la prison de Tora, où se trouvent déjà ses fils Alaa et Gamal, incarcérés pour 15 jours dans le cadre de la même enquête, ainsi que d'anciens ministres et hauts responsables du régime. Mais le ministère a jugé que l'hôpital de la prison n'était pas suffisamment équipé pour faire face à une éventuelle dégradation rapide de son état de santé. Le 10 avril, M.Moubarak était sorti pour la première fois de son silence pour se dire victime de «diffamation». Dans une allocution sonore, il a dénoncé des «campagnes de diffamation» à son encontre et défendu sa «réputation» et son «intégrité». Il a assuré que ni lui ni son épouse Suzanne n'avaient de fortune à l'étranger et s'est dit prêt à coopérer avec la justice.