Selon El Hadi Khaldi «un mètre linéaire rapporte 5000 dinars par jour dans l'informel ou sur le trottoir, de loin, meilleur que le salaire d'un travailleur d'une entreprise publique telle Cosider». «40% des diplômés de la formation professionnelle se retrouvent dans le marché informel», a révélé hier le ministre de la Formation professionnelle, El Hadi Khaldi. Comment pourrait-il en être autrement? Puisque, selon le ministre «un mètre linéaire rapporte 5000 dinars par jour dans l'informel ou sur le trottoir, de loin meilleur que le salaire d'un travailleur d'une entreprise publique telle Cosider». Par ailleurs, le département de la formation professionnelle a mis en place «un conseil de partenariat intersectoriel le 23 janvier dernier», indique son premier responsable. Dans ce contexte, la stratégie de gouvernement en matière d'emploi «procède d'une approche sociale qui est systémique et conjoncturelle», selon un expert en économie, Mohamed Bahloul. «L'Algérie ne peut plus continuer à traiter le chômage sur le seul plan social et ne peut pas rester longtemps à faire des soudures sur le plan des incitations», a-t-il ajouté. «L'Algérie est aujourd'hui face à une seule demande: un nouveau système économique», a-t-il expliqué. «Un système qui doit nous placer à la fois sur le traitement du passif et de nous projeter sur le modèle postfordiste reposant sur, entre autres piliers, la mise en place des institutions qui permettront à l'économie d'être efficace et à même de booster la productivité et la croissance», a-t-il indiqué. Un modèle en débat un peu partout dans le monde, basé aujourd'hui sur les nouvelles technologies. La stratégie est «un domaine de partage entre les experts et les politiques», a estimé, hier, cet expert en marge de la journée d'étude sur la formation et l'emploi organisée au Sénat. «Il vaudrait mieux prendre du temps que de se précipiter et aller droit vers le mur. En Algérie on manque de visibilité de par des systèmes d'information mais aussi de par des pratiques que nous avons entre politiques et experts», dira-t-il. Et de prôner: «En Algérie on doit formuler une demande d'un débat profond dans le domaine de partage.» La deuxième problématique abordée par le même expert est la crise fondamentale caractérisant «la relation entre l'emploi et la formation». Laquelle est avant tout, selon lui «une crise de modèle de croissance industriel que nous avons adopté depuis les années 1970». Aujourd'hui, ajoute-t-il «on peut voir dans tous les pays trois tendances et autant de paradoxes». Une croissance sans ou peu d'emplois stables et cela crée un paradoxe: plus on est riche plus on manque d'emplois. Cette réalité prévaut dans plusieurs pays y compris en Algérie à l'exception de pays émergents. «Le découplage ou une fusion entre la croissance et l'emploi est une réalité palpable en Algérie et la plupart des pays du monde», a-t-il indiqué. La deuxième tendance, poursuit-il c'est qu' «il y a une déconnexion entre le système éducatif et le système de production». Le régime que nous avons élaboré en matière de croissance, qui était le plein emploi, les hauts salaires et la scolarisation est un modèle en crise avec un paradoxe que plus on est diplômé plus on prend le risque de tomber dans la trappe du chômage». Le profil du chômeur actuel répond à l'image «d'un jeune diplômé et urbain, imprégné de la culture des droits des gens. Ceci favorise en évidence les mouvements de révolution dans les pays arabes». Le troisième découplage, cité par le même expert est relatif «au système d'incitation qui coûte très cher, de faible rémunération et de peu de protection sociale et d'intégration dans le domaine du développement des ressources humaines comme les contrats de pré-emploi». Est-ce qu'on est en train de perdre la guerre face au chômage? «Ce que nous remarquons aujourd'hui c'est que nous avons une crise fondamentale de ce modèle de croissance», a-t-il noté. Cela est tellement vrai qu' «à titre d'exemple l'Université ne constitue plus un ascenseur social car l'offre de travail est aventureuse».