Au moins 15 morts et de nombreux blessés ont été dénombrés suite au sanglant attentat qui a visé le café Argana, à Marrakech. La piste d'Al Qaîda n'est pas exclue. L'attentat de jeudi après-midi au centre de Marrakech contre le café Argana, fréquenté par les touristes étrangers - ils seront de fait les principales victimes de cet attentat immédiatement condamné et qualifié de terroriste, par les autorités marocaines - a soulevé une forte émotion au Maroc et dans la communauté internationale qui a vivement condamné cet acte. L'attentat de Marrakech est survenu quelques jours après la diffusion par Aqmi, de la vidéo contenant des messages des quatre Français détenus au Niger et implorant le président français Nicolas Sarkozy de répondre favorablement à la demande d'Al Qaîda de retirer ses troupes d'Afghanistan. Notons que Paris a confirmé le décès de 6 Français dans l'attentat de Marrakech. Toutefois, en l'état actuel de l'enquête, le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, a indiqué hier, que «les pouvoirs publics s'abstiennent d'accuser telle ou telle partie», même s'ils explorent toutes les pistes y compris celle d'Al Qaîda. Les autorités marocaines ont initialement parlé d'une explosion accidentelle d'une bonbonne de gaz, avant de modifier cette version et évoquer «un attentat. terroriste» Certaines informations font état de deux ou même trois kamikazes. Les condamnations de plusieurs pays ne se sont pas fait attendre. L'Algérie, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, condamne avec «la plus grande fermeté ce lâche attentat terroriste». «Un acte aussi abject ne peut que susciter une condamnation sans appel», ajoute la même source. Cet attentat terroriste a provoqué des réactions en cascades de la part de la communauté internationale et de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré, pour sa part, horrifié par l'attentat et a réitéré qu' «aucun objectif politique ne justifie, ni n'est servi par de tels actes haineux». Le président Nicolas Sarkozy a condamné cet attentat terroriste, le qualifiant d'acte odieux, cruel et lâche. Les Etats-Unis, par la voix de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, condamnent dans les termes les plus forts cette attaque terroriste. L'Espagne, l'Allemagne et l'Italie sont parmi les pays à avoir condamné l'attentat. C'est l'attentat le plus meurtrier dans cette monarchie d'Afrique du Nord depuis 8 ans après celui du 16 mai 2003 à Casablanca. Il avait fait «33 morts, en plus des 12 terroristes. Un kamikaze s'est également fait exploser en mars 2007. Ces bombes humaines issues essentiellement des bidonvilles ont occasionné beaucoup de morts. L'attentat de jeudi dernier a visé un café du centre historique de la ville de Marrakech, la célèbre place Jamaa El-Fna, essentiellement fréquentée par les touristes étrangers. Le Maroc accueille des millions de touristes chaque année. Il est clair que l'attentat était destiné à produire le plus grand effet médiatique. Selon les autorités marocaines, l'explosion de jeudi est le fait d'un engin déclenché à distance. Cette information dément ainsi les supputations de la presse marocaines qui avançait, hier, l'hypothèse d'un, voire deux ou trois kamikazes. La question que se posaient hier les analystes est de savoir, pourquoi maintenant? Le Maroc, comme l'ensemble du Monde arabe, fait face à l'onde de choc de la vague des révolutions tunisienne et égyptienne. Depuis le 20 février dernier, des rassemblements relativement importants se sont déroulés dans la plupart des grandes villes du pays. En guise de réponse, le roi Mohammed VI a libéré un certain nombre de prisonniers politiques, notamment islamistes, dans le cadre d'un processus de réformes politiques. Il intervient après la grâce royale de 14 salafistes à la mi-avril dernier, parmi une centaine d'autres prisonniers politiques. Parmi eux, Ahmed Fizazi, idéologue de la Salafia Jihadia, condamné à 30 ans de prison pour avoir inspiré les attaques terroristes du 16 mai 2003. L'attentat de Marrakech semble destiné également à entraver l'action de la société civile.