Après deux mois de grève, les futurs médecins sont en train d'apprendre le syndicalisme au lieu de la médecine... Depuis deux mois, les résidents en médecine et les étudiants en chirurgie dentaire et en pharmacie sont en grève illimitée. Le gouvernement n'a pas trouvé de solution à cette impasse. Pis encore, la situation empire de jour en jour. «Le dialogue est complètement rompu avec le ministère de la Santé, c'est le blocage total», avoue le Dr Amine Benhabib, membre de la Coordination autonome des médecins résidents algériens (Camra). Avec le ministère de l'Enseignement supérieur, il semble prendre le même chemin. Puisque, après la réunion avec les doyens des facultés et les responsables du ministère, tout avait l'air d'être réglé. Mais après la réception du PV de la réunion, les médecins résidents ont constaté que la revalorisation des primes de l'allocation d'études et de recherche n'était pas mentionnée. Le Dr Benhabib explique «qu'au ministère de l'Enseignement supérieur, on leur fait clairement comprendre que ce n'était pas aussi simple que cela d'appliquer cette résolution». Les résidents estiment que c'était encore une promesse en l'air. Ils ont donc décidé d'organiser un sit-in aujourd'hui devant le département de Harraoubia et demain devant la Présidence. Ces deux rassemblements ont pour but premier de protester contre les promesses émises par les responsables, mais également pour montrer que les protestataires sont toujours aussi solidaires et déterminés. «On ne veut plus aucune médiation, aucune manipulation, on veut parler directement à nos tutelles», estime pour sa part le Dr Sahnoune, porte-parole de la Camra. Il tient cependant, a démentir les rumeurs concernant l'existence d'un clash avec leurs professeurs, c'est-à-dire les hospitalo-universitaires. «Contrairement à ce qui a été rapporté, il n'y a aucun conflit avec nos professeurs, par respect, on ne pourra jamais dire ou faire quelque chose à leur encontre», ajoute-t-il. Même son de cloche du côté des étudiants en chirurgie dentaire et en pharmacie. «Toujours en grève, et malgré quelques promesses, on ne voit encore rien de concret», assure l'un de leurs délégués, Faycal Oulebsir. Pour les futurs pharmaciens, les choses ne sont guère différentes. «On continue notre grève, on a participé au rassemblement général des étudiants et on se rassemblera devant le ministère de l'Enseignement supérieur», relate Hadjer Mahazem, déléguée des 4e année. Les internes, 7e année en médecine ont, par contre, suspendu leur grève. Ils attendent la mise en place des recommandations de la réunion des doyens, selon le délégué Mokademe. Mais d'après certains internes, cette suspension de la grève est le résultat de la décision prise par le doyen de supprimer l'année sabbatique avant de pouvoir passer le concours de résidanat. Ces internes affirment que la rumeur courait déjà l'année dernière mais cela s'est confirmé cette année.