Droukdel, chef du Gspc, branche présumée d'Al Qaîda sort subitement de son silence et laisse entendre qu'il n'est pas un pion dans l'échiquier terroriste. Dans le «feu» des répercussions de la neutralisation de Ben Laden, de nombreuses déclarations, en apparence anodines, ont malheureusement focalisé l'intérêt des médias sur la question des représailles éventuelles et des cibles potentielles d'Al Qaîda. Parmi ces déclarations, il y en a une qui est passée presque inaperçue. Un haut responsable américain a exprimé un vrai soulagement au lendemain de la neutralisation de Ben Laden en s'exclamant: «Ouf! Il n'y a eu aucune fuite malgré le fait que 20 personnes de haut rang étaient au courant depuis trois mois des préparatifs de l'opération Geronimo.» Il est vraiment curieux que cette déclaration ne fasse l'objet d'aucun commentaire. A-t-elle été «écrasée» involontairement ou a-t-elle été expédiée aux archives dans le but évident d'effacer tout sentiment de malaise qu'aurait pu susciter cet aveu dans l'esprit de tous ceux qui croient à l'infaillibilité des services américains? A l'évidence, ce genre de déclaration n'est certainement pas fait pour rassurer les capitales occidentales et leurs alliés au Proche-Orient et en Afrique. Pis, lue dans le contexte actuel marqué essentiellement par le désordre qui s'installe en Libye, au Yémen et en Syrie particulièrement, sans oublier le Soudan et l'Egypte, elle nourrit davantage toutes les spéculations autour du futur numéro «un» d'Al Qaîda et sa capacité à remettre en branle la machine de guerre créée par Ben Laden. Bien imprégné de toutes ces données, Droukdel, chef du Gspc, branche présumée d'Al Qaîda sort subitement de son silence et laisse entendre qu'il n'est pas un pion dans l'échiquier terroriste. L'idée de contrôler le Sahel, de la Mauritanie jusqu'aux confins de la Somalie, développée par Ben Laden durant des années, soit depuis 2003, selon des sources sécuritaires, pourrait offrir à ce tristement célèbre terroriste le rôle de leadership au sein d'une organisation en plein recyclage. Le projet de transformer la région du Sahel en un véritable champ de bataille entre Al Qaîda et les Occidentaux, constitue aujourd'hui une réalité que les Etats-Unis suivent avec une très grande attention et c'est, selon toute vraisemblance, aux fins de contrôler ce risque majeur que les renseignements US viennent de demander au CNT libyen la liste de ses éléments armés qui luttent contre El Gueddafi. Mais là aussi, il s'agit d'une question qu'il faut prendre avec beaucoup de précaution dans la mesure où, selon des stratèges bien avertis, ni les Américains ni les Libyens ne sont aptes, pour diverses raisons, à endiguer le risque d'infiltration. De son côté, Al Qaîda au Maghreb islamique, ont confié des sources très au fait du contexte sécuritaire, a procédé au recrutement d'éléments nouveaux non fichés, ce qui rend aléatoire cette démarche surprenante qui cache les véritables velléités de ses concepteurs. Et c'est à ce niveau que le concours des services de sécurité algériens devient incontournable. Déjà en alerte depuis les premiers jours des événements en Libye, les forces de l'ANP avaient averti sur ces infiltrations et les répercussions néfastes que peut engendrer le ralliement des éléments d'Al Qaîda à la rébellion libyenne. Des opérations de vengeance sont fortement probables confient nos sources tout en mettant en garde sur le fait qu'Al Qaîda au Maghreb détient un armement lourd et conséquent, subtilisé avec l'aide des insurgés libyens des casernes de l'armée libyenne.