La centrale syndicale a décidé de revenir à la charge avec force au moment où les dernières touches sont mises au nouveau plan de privatisation de Temmar. La Centrale Ugta a décidé d'organiser une série de rencontres avec la plupart des secteurs stratégiques plus ou moins concernés par le processus de privatisation drivé depuis quelques mois par le département ministériel de Hamid Temmar. Ces rencontres, qui se tiennent au niveau de la Maison du peuple et qui drainent grande foule, sont dirigées par le désormais célèbre Lakhdar Badreddine. Lundi, les travailleurs des transports avaient catégoriquement rejeté toute idée de privatisation. Certains ont même brandi l'idée d'immobiliser les ports et aéroports, voire toutes les routes du pays, si les pouvoirs publics persistaient dans leurs politiques du fait accompli. Le secteur des transports, stratégique à plus d'un titre, peut, en effet, servir de moyen de pression très important entre les mains de l'organisation de Sidi Saïd dans ses ardues négociations avec le gouvernement. Des rencontres tout aussi importantes, sinon plus, sont attendues pour les secteurs des finances, des hydrocarbures, de la métallurgie, etc. Chacun de ces secteurs représente à lui seul un moyen de pression très important entre les mains de la Centrale Ugta. Cette dernière, toutefois, quoiqu'elle soit résolue à ne plus du tout se laisser faire, à ne plus faire la moindre concession, n'en réserve pas moins la menace de grève générale ou sectorielle, comme ultime carte qu'elle ne jouera qu'en cas d'extrême nécessité. C'est du moins ce que nous avons pu apprendre hier de sources proches de la Centrale qui, au passage, ont tenu à rappeler que la dernière réunion de la CEN, la première à être ouverte de bout en bout à la presse, a laissé toutes les prérogatives à la direction nationale de l'Ugta d'agir en son nom suivant l'évolution de la situation. Nos sources ajoutent que ces rencontres visent à faire le point sur la situation de chaque secteur et de chaque entreprise concernés par les privatisations et réformes à venir afin de présenter des dossiers sérieux aux pouvoirs publics. Elles représentent une suite logique aux sorties sur le terrain faites par Sidi-Saïd au niveau de nombreuses sociétés tant publiques que privées il y a de cela un peu plus d'un mois. C'est, d'ailleurs, la première fois de toute l'histoire de l'Algérie, que le patronat, toutes organisations confondues, et le syndicat ouvrier sont devenus des alliés objectifs, oeuvrant pour la défense des intérêts économiques du pays, et donc pour la préservation de l'outil productif tant public que privé ainsi que les emplois y afférents. Les dirigeants de la Centrale, nous indique-t-on encore, espèrent être prêts pour la rencontre prévue entre eux et Hamid Temmar dans les prochains jours. Probablement dès la fin des festivités de l'Aïd. Les pouvoirs publics, qui ont pris un énorme retard dans le domaine des privatisations et de l'ouverture des capitaux, tenteraient de pratiquer un véritable forcing. D'où la rencontre du comité de participation de l'Etat sous la présidence du Chef du gouvernement. Ce dernier aurait mis en exergue l'échec des politiques de privatisations successives puisque seules les EPL cédées aux travailleurs ont pu être privatisées. Mais, même là, les responsables indiquent que seuls 20 % de ces sociétés réussissent à s'en sortir alors que toutes les autres seraient surendettées. Celles-ci sont au nombre de 1774. Elles emploient plus de 27.000 actionnaires ce qui est loin d'être négligeable. Les rencontres de l'Ugta, en outre, sont la dernière répétition avant la fameuse conférence socio-économique prévue avant la fin de cette année entre le syndicat et le patronat en vue de présenter une alternative viable et concertée aux pouvoirs publics. Ces derniers devront, en outre, rencontrer le gouvernement durant une tripartite décisive durant laquelle le Smig devrait être revu à la hausse de manière plus que substantielle, touchant de la sorte l'ensemble des travailleurs algériens.