Le secrétaire général de l'UGTA demande la réunion d'une bipartite et le bocage de la privatisation des vingt laiteries. La Centrale syndicale revendique la tenue en urgence d'une bipartite pour “discuter la mise en place d'une véritable stratégie de développement économique”. Le Chef du gouvernement sera officiellement saisi, dans les tout prochains jours, a déclaré M. Badreddine, secrétaire national chargé des affaires économiques, hier, au cours d'une rencontre avec la presse, initiée en fait à titre de mise au point à Temmar, suite à la tournure qu'a prise la réunion entre les deux parties, dimanche dernier. En effet, la rencontre Sidi Saïd-Temmar a été qualifiée “d'échec” par les syndicalistes, reprochant au ministre “d'avoir abandonné les détails, voire la partie” de ce qui était censé être, de l'avis des initiateurs, “un simple échange de points de vue, sans certification de décisions ou de résultats”. Or, à l'issue de ces “débats”, M. Temmar, selon les responsables de l'UGTA, aurait déclaré à la presse que “la Centrale syndicale et son ministère convergeaient dans leurs analyses et partageaient donc les mêmes visions”. D'autant que le ministre avait annoncé l'enclenchement irréversible de l'option privatisation d'un certain nombre d'entreprises dont les Giplait, Encg et Enasucre. Ce qui risquait, aux yeux de Sidi Saïd, d'être interprété comme “une caution de la Centrale et une volonté de nous mettre devant le fait accompli”. De là est parti tout l'incident ayant servi de “tremplin”, voire d'argument nécessaire à la Centrale qui tente ainsi de capitaliser à son “profit” une rencontre déclarée sans suite. D'aucuns ne manqueront pas de voir dans cette “ruse” le début d'une stratégie syndicale version UGTA, et dont le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement a servi d'élément suffisant pour le lancement. Sinon, comment expliquer que, 48 heures après, on passe à une étape supérieure de revendications, en escomptant tenir une bipartite dès le mois de janvier. Un dividende de taille pour la Centrale dont les responsables veulent se redéployer exclusivement sur le front social, à en croire Sidi Saïd et Badreddine qui insistent sur la précision de ne point faire de politique. Sidi Saïd déclare s'en remettre aux travailleurs et à la base pour décider des actions de mobilisation qu'ils s'interdiront de définir pour l'instant. Quant au processus de privatisation, désormais enclenché et concernant pas moins de 40 entreprises, en attente de l'aval du prochain Conseil des ministres, Sidi Saïd se dit prêt et apte à le bloquer en confiant cette mission à la base. “Les fédérations ont été instruites pour rester mobilisées.” Poursuivant qu'ils n'ont à aucun moment été associés, ni ont cautionné de telles décisions. “Comment voulez-vous qu'on accepte de privatiser les laiteries et toucher à un aliment de base du citoyen ?”, criera-t-il. Et d'ajouter : “C'est le peuple qui en a marre, pas uniquement les syndicats, et ceux qui se taisent sur ces questions-là sont complices”, martèle Sidi Saïd. Il faut aussi comprendre par là que la privatisation des Giplait risque de ne point aboutir ou du moins d'être renégociée. Les grands seront donc fixés sur le Conseil des ministres qui aura à statuer sur ce chapitre. Finalement, contrairement à ce qui a été déclaré, la rencontre avec Temmar aura été d'un grand apport pour l'UGTA, ne serait-ce qu'en matière d'arguments à faire valoir pour l'entrée en action. Une entrée exclusivement syndicale, jurent les syndicalistes. A. W.