La lutte contre le terrorisme au Sahel, l'immigration clandestine, le trafic de drogue aux frontières avec le Maroc se chiffrent en milliards. Les exigences et les besoins financiers de l'Algérie en matière de sécurité nationale s'avèrent très importants. De sources sécuritaires crédibles, on a appris que le montant de ces dépenses a été estimé à près de 5 milliards d'euros, cela pour sécuriser près de 4000 km de frontières. En effet, la crise libyenne se déroulant à nos frontières, la guerre menée d'une main de fer par les services de sécurité contre le crime organisé et le trafic de drogue au niveau des frontières avec le Maroc, la lutte contre le terrorisme sur la bande sahélienne, le chantage des puissances occidentales à l'affût d'intérêts en Afrique sont autant d'opérations exigeant des hautes autorités du pays à consacrer des sommes d'argent colossales, qui se chiffrent en milliards. «Le budget que consacre notre pays à sa sécurité est appelé a être revu à la hausse puisque les conflits et donc les menaces sont de plus en plus persistantes», ajoutent les mêmes sources. Il est évident que la sécurité nationale ne viendra pas de l'étranger mais de l'intérieur du pays et avec les moyens du pays. «Les pays du Sahel, et même les grandes puissances, n'hésitent pas à faire du chantage en nous demandant de les aider sinon, ils vont transformer le Sahel en un terrain propice au terrorisme», note dans ce contexte le docteur Salem Berkouk, spécialiste en politique américaine. C'est dire que les éléments de vulnérabilité ne sont pas uniquement d'ordre interne mais ils sont surtout d'ordre externe. Et de soutenir qu'aujourd'hui en Libye comme au Sahel, les puissances occidentales, c'est-à-dire les Américains et les Français se sont départagé les rôles. «Il y a une concurrence et une course entre les deux pays sur la région du Sahel, motivée par les intérêts géostratégiques.» Aussi pour garder son indépendance, l'Algérie rassemble aussi bien les moyens matériels et humains. A cela s'ajoute la formation, car «dans les 5 milliards d'euros, la formation prend un volet important». La menace est d'autant plus présente sur les frontières de l'Algérie avec la Libye, la Tunisie foncièrement fragile, le Niger, le Mali et la Mauritanie, s'étendant sur près de 4000 km, suite à la détérioration de la situation sécuritaire en Libye. Cela à cause des millions de pièces d'armes légères et lourdes qui sont entre les mains des rebelles, des mercenaires et des réseaux terroristes. Résultat: ces foyers de tension risquent de doubler encore la facture des dépenses supplémentaires, allouées pour la sécurité nationale. Cela, sans parler des citoyens représentant l'avant-garde face à une éventuelle menace sur la sécurité. Dans un besoin urgent d'assurer et garantir des moyens militaires et une logistique permettant de parer à toute infiltration des groupes d'Al Qaîda en Algérie, à travers ses vastes frontières. Puis, il y a aussi, les dépenses financières réservées pour la prise en charge des milliers de réfugiés et autres migrants clandestins qui atterrissent en Algérie, fuyant la guerre en Libye. Ces derniers dont le nombre a été estimé à près de 10.000, sont pour le moment pris en charge par l'ANP. Fuyant la guerre civile en Libye, ils sont installés dans des campements. Ces derniers représentent, faut-il le dire, des éléments de vulnérabilité, sachant qu'il y a des individus non identifiés et aux intentions douteuses, pouvant se frayer un chemin parmi les réfugiés libyens. Pour maîtriser ces flux et assurer leur prise en charge, la facture n'en sera que plus coûteuse. A cela s'ajoute aussi la guerre contre le trafic de drogue pour laquelle les services concernés ont accordé toute la vigilance qu'il faut, sachant qu'une moyenne de 60 tonnes de cannabis échoue en Algérie chaque année via la frontière marocaine. Une telle guerre exige une logistique des plus sophistiquées pour en assurer la mission. Celle-ci est alors très difficile et constitue un nouveau défi que les autorités algériennes devront relever. Et pour garantir sa sécurité et la défense de ses intérêts internes et externes, l'Algérie doit consolider et renforcer par conséquent son rôle aussi bien sur la scène nationale, régionale qu'internationale. C'est dire que le défi est de taille. La maîtrise des domaines militaire, du renseignement interne et externe, de la prévention des crises et de la protection du territoire et de la population en sont les éléments fondamentaux qu'elle doit prendre en charge.