L'Algérie représente aujourd'hui la deuxième nationalité des 278 000 étudiants étrangers présents en France. C'est un livre qui a commencé à faire du bruit en France. «Universités: enquête sur le grand chambardement», est le titre choisi par l'auteur journaliste Michel Leroy à son livre qui vient de paraître aux Editions Autrement pour parler du mal de l'Université française à l'ère du président Nicolas Sarkozy. Pour Michel Leroy, la réforme des universités françaises a de multiples incidences en Algérie où des évolutions similaires sont en cours, en ce qui concerne le LMD (Licence/Master/Doctorat) par exemple. Cela sans oublier que l'Algérie représente, aujourd'hui, la deuxième nationalité, des 278.000 étudiants étrangers présents en France. Dans un entretien accordé à L'Expression, l'auteur explique que son livre est, avant tout, un guide pratique pour se repérer dans les réformes successives de l'enseignement supérieur en France. «Rarement l'Université française n'avait fait l'objet de pareilles attentions de la part de l'Etat. Ses budgets ont globalement augmenté, des investissements colossaux continuent à l'irriguer et d'ici l'année prochaine, tous les établissements seront devenus autonomes. Le but de cette enquête était de prendre de la distance, alors que le quinquennat se finit, pour évaluer ce qui constitue, sans doute, la réforme majeure de la présidence Sarkozy. Au-delà des effets d'annonces», a-t-il déclaré... En fait, pour Leroy, la réforme engagée par le président Sarkozy a définitivement enterré le mythe de l'égalitaire français, hérité du mouvement de Mai 1968 selon lequel toutes les universités étaient au même niveau. «Aujourd'hui, la compétition est érigée en règle mais toutes les universités ne partent pas avec les mêmes chances et quoi qu'il en dise, l'Etat continue à être très interventionniste. Du coup, certains campus ont pris deux ou trois longueurs d'avance comme Strasbourg, Bordeaux ou Lyon alors que d'autres dans l'Ouest ou en Normandie par exemple, sont très en retard», a-t-il expliqué. Selon lui, son ouvrage comporte plusieurs cartes qui montrent combien la France universitaire est en train de se redessiner autour de grands regroupements. «Petit à petit, c'est vraiment une université à deux, trois ou même quatre vitesses qui se met en place en France et cette nouvelle donne est souvent méconnue du grand public», a-t-il estimé. Et les universitaires français dans tout ça? Ne réagissent-ils pas à ce chambardement? Laissent-ils faire? En guise de réponse à ces questions, notre interlocuteur a souligné qu'il faut bien voir que c'est un feu roulant de réformes qui s'est abattu sur l'Université pendant un temps très court. «Pour un secteur peu habitué à un tel rythme et assez étranger jusque-là à la culture du résultat, on imagine le choc! Cela a donné lieu à l'un des mouvements de contestation les plus longs depuis Mai 1968. Mais l'échec de la mobilisation (et la peur de ne pas être dans la cour des grands) a très fortement joué», a-t-il dit. Cela étant dit, l'auteur estime que son livre n'est ni un pamphlet ni un manifeste politique. «J'ai surtout voulu donner les clés pour comprendre et démêler l'information de la propagande gouvernementale. Aujourd'hui, des tabous d'hier comme la sélection ou la quasi-gratuité des études sont en train de voler en éclats», a-t-il noté, précisant qu'il voulait montrer «comment on en est arrivé là et les perspectives qui se dessinent aujourd'hui». D'autant plus que, a-t-il ajouté, l'Université sera au centre des débats lors de la présidentielle de l'an prochain. A souligner que le livre de Michel Leroy a été dédicacé à la Librairie du Tiers-Monde à Alger, avant même qu'il ne le soit à Paris.