Le chanteur kabyle Djaffar Aït Menguellet, fils du célébrissime Lounis, a fait un tabac samedi soir au Centre culturel algérien à Paris, où il s'est produit pour la première fois, à la grande joie de ses fans et des mélomanes parmi l'immigration algérienne en France. C'est sur une note d'optimisme que l'artiste entame son concert avec «Yuli Was» (le jour s'est levé), une chanson dans laquelle il exprime, entre autres sentiments, l'espoir et le rêve d'un lendemain meilleur. Evoluant sous l'oeil attendri de son père, Djaffar n'a pas attendu la fin du récital pour rendre hommage à celui qui l'a lancé sur scène alors qu'il n'avait que 14 ans. Avec «Ikecc a baba» (A toi papa), l'artiste remercie son géniteur pour lui avoir légué le riche patrimoine ancestral scellant l'attachement aux racines. En plus des chansons tirées de son propre répertoire, il entonne, à la surprise de l'assistance qui reprenait en choeur certains de ses tubes comme «An nargu» (On va rêver), de vieilles chansons de Lounis telles que Telt yyam (Trois jours), JSK (le club phare de la Kabylie qui a remporté cette saison la Coupe d'Algérie), et «Ruh ad qqimey» (Pars, moi je reste). L'émotion redouble d'intensité lorsque le fils invite le père sur scène pour reprendre, à sa manière, cette dernière chanson, entonnée en compagnie d'artistes montés également sur scène, et devant une assistance restée debout jusqu'à la fin de la prestation. «C'est un plaisir pour moi de le voir enfin voler de ses propres ailes. Je veux le voir persévérer dans cette voie. En tant qu'artiste, je lui conseille d'éviter tout excès de confiance en soi et de répéter son répertoire au moins une semaine avant un concert», a confié Lounis Aît Menguellet. Pour lui, le jeune chanteur «gagne de plus en plus en confiance, laquelle a été acquise en jouant surtout à la flûte lors de mes productions sur scène, mais aussi dans des duos tels que celui où on s'est donné la réplique dans la chanson + Ammi + (mon fils), vingt minutes durant». Lors d'une présentation inaugurale du concert, le poète Ben Mohamed affirme avoir suivi l'évolution de Daffar Menguellet: «Cela m'a rappelé l'évolution de Lounis. Jeune, Djaffar a commencé à chanter ce qu'il vivait au quotidien au village. Et plus il mûrissait, plus sa vision s'ouvrait sur le monde. Je suis sûr qu'il ira aussi loin que le père», a confié l'auteur de «A vava inouva», une chanson éternelle, interprétée par Idir et qui a fait le tour du monde. L'auteur-compositeur, Kamel Hamadi, confirme, lui aussi, le lien profond qui unit le père et le fils. «Djaffar est sur le bon chemin, celui qu'avait emprunté avant lui Lounis», estime celui qui fut à l'origine du lancement de nombreux artistes algériens dont Lounis Aït Menguellet. Le gala s'est déroulé en présence du directeur du CCA, l'écrivain Yasmina Khadra, qui s'est dit «ravi de voir le fils d'une idole algérienne se produire en exclusivité au CCA».