Dans son discours à l'adresse du Monde arabo-musulman, le président américain a fait le point sur la politique américaine dans le nouveau contexte du printemps arabe. Dans un discours très attendu, le président des Etats-Unis, Barack Obama, s'est exprimé jeudi au département d'Etat. Dans son adresse au Monde arabo-musulman, il a annoncé un vaste plan de soutien économique aux pays arabes qui se sont prononcés en faveur d'une évolution démocratique esquissant par ailleurs, les orientations de la nouvelle politique américaine à l'égard du Monde arabe et du Proche-Orient induite, certes, par la nouvelle donne du «printemps arabe». Obama a ainsi promis un changement d'approche des Etats-Unis envers le Moyen-Orient, prenant fermement fait et cause avec les manifestants arabes pour la démocratie. Commentant six mois de révoltes arabes, Barack Obama a fait le constat que les stratégies de «répression» ne fonctionneront plus au Moyen-Orient. Après être revenu en détail sur les épisodes du printemps arabe, M.Obama a diagnostiqué qu'un changement d'approche était incontournable si l'Amérique ne veut pas faire face à une profonde rupture avec le Monde arabe. «Les Etats-Unis soutiennent un ensemble de droits universels» valables «que l'on vive à Baghdad ou à Damas, à Sanaa ou à Téhéran», et «notre soutien à ces principes n'est pas un intérêt secondaire», a-t-il expliqué En ce qui concerne les révoltes arabes, Barack Obama a jugé que «l'exemple le plus extrême est la Libye, où Mouamar El-Gueddafi a engagé une guerre contre ses propres concitoyens, promettant de les chasser comme des rats». Déplorant ainsi la violence d'Etat qui s'est manifestée au fil des révoltes dans les pays arabes, le président américain a réaffirmé la légitimité du Conseil national de transition libyen et sa crédibilité. Aussi, il a soutenu que la transition vers une Libye démocratique pourra commencer, lorsque El Gueddafi quittera le pouvoir. Il a toutefois estimé que le temps jouait contre El Gueddafi, surtout que ce dernier n'a plus le contrôle de son pays. Le chef de l'administration américaine a aussi considéré que l'intervention de l'Otan en Libye avait sauvé des milliers de vies. Par conséquent, il a appelé les Etats-Unis à lui apporter plus de soutien contre le régime de Mouamar El Gueddafi. Se penchant sur la révolution syrienne, le président américain a clairement appelé M.Assad à diriger la transition ou à se retirer du pouvoir. «Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s'écarter», a-t-il estimé. Après deux mois de contestation violemment réprimés en Syrie, M.Obama a également exigé la fin des violences contre les manifestants, la libération des prisonniers politiques, et l'accès des groupes de défense des droits de l'Homme dans des villes comme Deraâ (sud), où plusieurs centaines de personnes ont été tuées. «Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie», a encore dit le président américain, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines visant le président Assad et six de ses proches collaborateurs à la veille d'un nouvel appel à manifester lancé par des militants hostiles au pouvoir. Il a également accusé la Syrie de «suivre son allié iranien», qui l'aide, selon lui, à organiser la répression. Abordant la situation au Bahreïn, Obama semble avoir amorcé un mea culpa, du fait que son administration n'a pas traité de la même manière les événements dans ce petit royaume allié des Etats-Unis, et des événements similaires dans d'autres parties du Monde arabe. Ainsi, il a réclamé un «vrai dialogue» entre le pouvoir et l'opposition. Il a enfin rappelé que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, devait respecter ses engagements concernant la transition au pouvoir. Concernant la Tunisie, le président américain a exprimé sa volonté de soutenir la politique et l'économie de ce pays, en rendant hommage à la révolution de la liberté et de la dignité réalisée par le peuple tunisien. Quant à l'Egypte, Obama lui a accordé une réduction de la dette extérieure de l'ordre de 1 milliard de dollars, car, a-t-il précisé, l'action économique facilite la transition démocratique à condition qu'elle soit accompagnée d'un volet politique. C'est dans ce contexte qu'il fit l'annonce d'une sorte de plan Marshall pour l'Orient arabe afin de soutenir les révolutions des peuples.