Le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou connait une vraie redynamisation particulièrement depuis deux semaines. D'ailleurs, jeudi et vendredi derniers, cet établissement culturel a accueilli un spectacle animé par une grande figure du théâtre algérien, Slimane Benaïssa. Ce dernier s'est produit devant un public assez nombreux en présentant sa dernière production, El Moudja welat. Le théâtre régional a aussi mis le paquet en matière de communication, puisqu'en moins d'une semaine, deux points de presse ont été animés de même que le Trto a lancé une grande campagne d'affichage inédite pour annoncer le spectacle de Slimane Benaïssa. Lors de sa conférence de presse, Ahmed Khoudi, directeur du théâtre régional Kateb-Yacine a indiqué aux journalistes que sa priorité est de faire redécouvrir le chemin du théâtre au public. Il a déploré qu'avant sa nomination, des spectacles ont été présentés devant une salle sans public ou devant deux spectateurs. Pour parer à cette situation, Ahmed Khoudi a décidé de revoir à la baisse la régularité des présentations, qui était quotidienne ou deux fois par semaine. De même qu'il a opté pour mettre le paquet sur la communication et la médiatisation des spectacles à l'avance. Le directeur du Trto compte aussi travailler en étroite collaboration avec la direction de l'éducation en ce qui concerne les pièces de théâtre pour enfants. Le théâtre régional de Tizi Ouzou oeuvrera-t-il à promouvoir la langue amazighe à travers le théâtre? Oui, répond le directeur mais il le fera tout en s'ouvrant sur les autres cultures et les autres langues. Par exemple, le fait d'être à une heure de route d'Alger permettra de ramener les troupes étrangères invitées à se produire dans la capitale. Le Trto formera un nouveau et jeune public, selon Ahmed Khoudi, qui annonce qu'il aidera les troupes amatrices avec du matériel et même techniquement ainsi qu'en matière d'encadrement. Le théâtre ouvrira ses portes à toutes les troupes de théâtre des associations locales au moins une fois par semaine. Le Trto abritera des activités annexes dans ses espaces autres que la salle de spectacle comme la peinture, les ateliers d'écriture, de contes pour enfants et des lectures publiques. Ahmed Khoudi a ajouté que le problème de moyens ne se pose pas, car depuis quelques années, le théâtre en Algérie bénéficie de tous les moyens. «La balle est dans le camp des créateurs», insiste le responsable du Trto qui n'exclut pas l'éventualité de lancer un festival régional du théâtre amateur amazigh. «Seul le problème de texte en tamazight pourrait entraver notre démarche», a indiqué Khoudi qui ne semble pas séduit par la solution du recours à la traduction: «Au théâtre, la traduction n'est pas une bonne entrée en matière». Pour parer à cette faille, l'orateur propose une politique permanente pour faire émerger de nouveaux auteurs: «Il faut donner les moyens et encourager les auteurs en herbe.» Toujours au sujet de la langue amazighe, Ahmed Khoudi, tout en rappelant qu'il s'agit d'une langue nationale, a indiqué que les pièces qui seront produites dans cette langue par le Trto seront jouées dans la même langue partout en Algérie. Ce qui permettra de contribuer à la promotion de la langue en dehors de la région. Pour la validation des textes théâtraux proposés au Trto, une commission existe. Elle est composée d'un docteur en la matière, d'un dramaturge et journaliste et d'autres professionnels désignés par le ministère de la Culture.