Un mois environ après la neutralisation du richissime saoudien d'origine yéméno-soudanaise, c'est encore le black-out total concernant cette question de leadership. Depuis la «liquidation» d'Oussama Ben Laden, le 2 mai dernier, par un commando américain héliporté, les spécialistes du terrorisme et les médias ne cessent de s'interroger en spéculant sur l'identité de son remplaçant à la tête d'Al Qaîda. Le nouveau chef de la nébuleuse serait-il, cette fois-ci, afghan, comme le suggèrent certaines sources proches des taliban ou originaire d'un pays situé hors de la péninsule arabique, l'Egypte par exemple? Un mois environ après la neutralisation du richissime saoudien d'origine yéméno-soudanaise, c'est encore le black-out total concernant cette question de leadership qui capte toujours l'attention des observateurs. Dans tous les cas de figure, Ben Laden et au vu de ses liens étroits avec les chefs taliban, les puissantes tribus pakistanaises mais aussi les émirs du Sahel, aura vraisemblablement laissé un immense vide qu'Aymen Zawahiri, à titre d'exemple ou quelqu'un d'autre, n'a ni l'autorité suffisante ni les relations appropriées pour le combler. Observée à la lumière des évènements qui secouent aujourd'hui de nombreux pays arabes et musulmans, la question de la succession de Ben Laden risque de causer l'implosion d'Al Qaïda et son éclatement en divers groupes éparpillés un peu partout du Pakistan jusqu'en Mauritanie. Cette hypothèse est porteuse de dangers et pourrait constituer un défi majeur aux différents services de sécurité qui seront confrontés alors à plusieurs organisations dont le degré de nuisance sera multiplié du fait que les nouveaux chefs auront à coeur de s'imposer par le fer et le sang. Les présumées têtes pensantes de la nébuleuse ne semblent pas se précipiter pour régler la question de la succession, du moins pour l'heure. Cela démontre qu'à l'intérieur de la nébuleuse, aucun nom n'a encore réussi à s'imposer. Derrière ce flou qui dissimule à peine le grand malaise qui règne parmi les lieutenants de Ben Laden, des noms continuent néanmoins de circuler dans le but de donner l'impression que la situation est maîtrisée. D'abord il y a le nom de Saïf Al Adl, activement recherché et connu pour ses nombreux actes terroristes. Originaire d'Egypte ce terroriste ne serait pas un enfant de choeur! Selon le journal britannique Daily Mail, ce prétendu chef intérimaire a promis de se venger de la mort de Ben Laden. Considérant la Grande-Bretagne comme l'épine dorsale de l'Europe, Saïf Al Adl aurait exigé, selon le porte-parole des taliban du Pakistan, Ahsanullah Ahsan, rapporte le même organe de presse, l'élaboration d'un plan d'attaque contre la capitale britannique. Mais, jusqu'à présent, aucune information digne de foi ne confirme que cet Egyptien serait réellement le nouveau chef de la nébuleuse, dans la mesure où d'autres informations dont la fiabilité reste à démontrer avancent le nom de Zawahiri, ce docteur issu d'une famille cairote aisée. Les Occidentaux qui jugent qu'il serait pire que Ben Laden sont dans l'obligation de croire que beaucoup de choses dépendent d'Al Zawahiri, le théoricien attitré de la nébuleuse, notamment sur la question des menaces de représailles contre l'Occident. La neutralisation de Ben Laden qui reflète la chute d'un symbole du terrorisme a bien été accueillie comme une victoire par toute la planète, mais que dire désormais de ses successeurs, que chacun nomme selon sa propre lecture des faits, au moment où certaines informations présentent le Mollah Omar, un parent par alliance de Ben Laden comme le nouveau numéro un d'Al Qaîda. Cependant la nomination de ce chef des taliban va-t-elle satisfaire la mouvance des djihadistes arabes? Ces derniers qui composent majoritairement la nébuleuse et qui constituent la nouvelle génération sont beaucoup plus radicaux et pour lesquels le terrorisme est devenu une fin en soi. Le mollah semble cependant celui qui reste sur la même idéologie de Ben Laden et possède toute la légitimité de lui succéder. Il est présenté comme un catalyseur des forces et le concepteur d'un changement. Un changement tentaculaire qui aura des répercussions diverses sur Al Qaîda au Maghreb islamique.