Le technicien écossais a mis longtemps pour emmener Manchester United vers les sommets continentaux. Après avoir fait de Manchester United l'incontestable numéro un du foot anglais, Alex Ferguson veut combler le retard européen des «Red Devils», dont le palmarès sur la scène continentale n'est pas encore, selon lui, à la hauteur du prestige du club. A l'intérieur de ses frontières, MU n'a plus de concurrent au regard de l'histoire depuis que l'équipe, déjà détentrice du record des victoires en FA Cup (11), s'est emparée il y a dix jours de celui des titres en championnat avec un dix-neuvième sacre, soit un de plus que le grand rival Liverpool. A l'échelle du continent en revanche, Manchester United n'est encore que sixième avec ses trois succès dans l'épreuve reine, d'abord la Coupe des clubs champions en 1968, puis la Ligue des champions, cette fois-ci sous la houlette de l'Ecossais, en 1999 et 2008. «C'est un domaine dans lequel nous devons faire mieux. Nous aurions dû gagner plus. C'est pourquoi l'attente est très grande de mon point de vue», reconnaît Ferguson, sans cacher son «envie» pour le Real Madrid, club le plus souvent titré (9), l'AC Milan (7), Liverpool (5), l'Ajax Amsterdam et le Bayern Munich (4). «C'est à leur niveau que nous devrions être. Il faut que nous progressions vite pour les rattraper et je crois que notre groupe actuel a suffisamment d'expérience de l'Europe pour y parvenir», estime-t-il. A bientôt 70 ans, Sir Alex sait bien qu'il lui sera très difficile de hisser le club à la tête de ce classement-là, mais il ne lui déplairait pas, avant de prendre une retraite qu'il refuse pour l'instant d'évoquer, de rejoindre voire de dépasser une nouvelle fois le grand adversaire, Liverpool. Sur le plan personnel, en soulevant pour la troisième fois la Coupe, il rejoindrait un autre grand personnage du football britannique, l'Anglais Bob Paisley, mort en 1996, qui avait conduit les «Reds» au triomphe en 1977, 1978 et 1981. Ferguson a mis longtemps pour emmener Manchester United vers les sommets continentaux. Arrivé en 1986 dans un club qui, il est vrai, était loin à ce moment-là de pouvoir prétendre à la gloire, il lui a fallu cinq ans pour offrir aux supporteurs un apéritif européen, la Coupe des Coupes (1991), une compétition qu'il avait déjà gagnée en 1983 avec son précédent employeur, les Ecossais d'Aberdeen. Mais de festin il n'y a pas eu dans l'immédiat. Au contraire, alors que MU accumulait déjà les honneurs dans son île, il subissait revers sur revers à l'échelon supérieur. Il fallut attendre 1997 pour voir les «Red Devils» de Sir Alex en demi-finale de la Ligue des champions et deux ans de plus pour qu'ils soient enfin couronnés. Quoi qu'il arrive samedi à Wembley face à Barcelone, rien n'égalera les émotions vécues lors de cette folle campagne 1999. Tout le monde se souvient de la finale, que Manchester United avait remporté (2-1) en marquant leurs deux buts dans les arrêts de jeu. Mais on oublie que la demi-finale avait été presque aussi folle. Mené 2 à 0 à Turin par la Juventus, après avoir fait match nul 1 à 1 à Old Trafford à l'aller, les joueurs de Ferguson, parmi lesquels seuls Ryan Giggs et Paul Scholes sont encore dans l'effectif, avaient réussi à retourner la situation pour l'emporter 3-2.