Les catastrophes se suivent et se ressemblent. Les mauvaises nouvelles aussi. C´est la loi des séries. Hausse des produits de première nécessité, changements climatiques défavorables à l´agriculture, abstention récurrente aux élections, une corruption endémique. Tant de mots, tant de maux. Tout porte à croire que le pays est sur une pente périlleuse. A chaque fois qu´on atteint le fond, on creuse, pour caricaturer Mohamed Fellag. Pouvoir d´achat en dégringolade, pénurie de lait, spectre d´une hausse des prix du blé, grève des taxis. Certes, le problème n´est pas là uniquement. Il est également dans la politique du travail prônée. Sur ce point, le cynisme de certains patrons est particulièrement révoltant. Ce sont en effet, les mêmes qui prétendent réhabiliter le travail, créateur de richesses, qui multiplient les plans sociaux. L´absence de régulation laisse libre champ, à défaut de planter les pommes de terre et les céréales, aux spéculateurs. Si pour la hausse des prix, l´Etat compte prendre les mesures que le consommateur espère salvatrices et loin de toute arrière-pensée politicienne, pour ce qui est de l´abstentionnisme aux élections, le ministre de l´Intérieur vient de lancer une enquête pour en connaître les raisons. C´est qu´il a raison. Les élections organisées à grands frais sont de plus en plus désertées par les populations. Les locales approchent. Le taux de participation fond comme neige au soleil, scrutin après scrutin. Mais ceci n´explique pas cela. Les hommes politiques, même s´ils n´ont pas le courage de l´admettre, doivent prendre conscience que leurs tares y sont pour beaucoup. Pour ce qui est de la corruption, l´Etat a adopté une série de lois. Des séminaires ont été organisés à ce sujet. Cependant, il y a comme une sensation que cette grande messe a donné lieu juste à des envolées lyriques et à des déclamations moralisatrices. Les montants des transactions douteuses sont énormes. Certes, quelquefois, des présumés coupables sont traînés devant la justice. Mais l´impunité est devenue une armature. Par ailleurs, la Justice, par la faute des hommes, ressemble à une hydre à plusieurs têtes. Pourtant, le président a affirmé, à plusieurs reprises, son désir d´assainir ce secteur névralgique, seul à même de garantir l´Etat de droit. Que les hommes et les femmes de ce corps, dont la compétence et l´intégrité sont avérées, soient mis à l´épreuve. Sinon nous continuerons toujours à prêcher dans le désert et la messe sera dite une fois encore. Albert Londres ne disait-il pas que notre devoir n´est pas de nous débarrasser du fou mais de débarrasser le fou de sa folie. Le ver est dans le fruit.