C´est du moins l´affirmation du ministre chargé du secteur de l´Agriculture. On ne peut que lui donner raison. Au vu des crises multiformes qui frappent un secteur aussi sensible et stratégique que l´agriculture -quand le paysan a été fonctionnarisé-, le constat est vite fait: il y a péril en la demeure. Certes, encore faut-il en convenir. Sans dramatiser outre mesure la situation, il faut bien admettre néanmoins qu´elle est fort préoccupante lorsque les pénuries des produits de large consommation deviennent concomitantes. Le lait, le pain, la pomme de terre, la semoule, l´huile et maintenant la tomate occupent, ou ont occupé ces derniers mois, la une de la presse nationale, animant de manière incongrue l´actualité nationale. En fait, il ne manque plus que la disparition de l´oignon des étals pour que nous puissions dire que nous voilà revenus à l´époque «papiste» (le fameux PAP, programme anti-pénuries) des années 80 lorsque même ce «bulbe odorant» faisait des siennes. Alors que le pays importe en 2008 près de 80% de ce qu´il consomme, peut-on estimer à l´unisson que tout va bien? Etre rassurant c´est excellent en soi, encore faut-il en parallèle faire les efforts nécessaires pour mettre un terme aux pénuries, comme de travailler à réduire la dépendance de l´Algérie de l´importation, efforts qui soient visibles et effectifs. Peut-on dire que c´est le cas lorsque les départements intéressés (de l´Agriculture et du Commerce) se renvoient la balle sans aucun profit pour le problème qui concerne le pays: comment atteindre notre autosuffisance alimentaire? Cela dit, tout va bien. Merci, M.Barkat, de nous le rappeler. Quarante jours après les élections locales du 29 novembre, le tiers des 1541 Assemblées populaires communales (APC) ne parviennent toujours pas à élire leurs membres, alors que 21 APC sont encore sans président, nous renvoyant aux scénarii de la précédente mandature communale lorsque plusieurs APC ont vu leur fonctionnement bloqué pour manque de consensus entre ses composantes partisanes. Dès lors, nombre d´APC n´ont pu accomplir correctement leurs missions vis-à-vis de leurs électeurs. Ce scénario risque de se répéter alors que les APC fraîchement élues buttent sur les mêmes problèmes et difficultés qui ont handicapé les assemblées communales sortantes. Qu´attend donc, dès lors, M.Zerhouni pour faire promulguer les nouveaux Codes communal et de wilaya qui sont, dit-on, finalisés? Nous n´osons croire que ces atermoiements à appliquer le Code communal sont le fait d´une politique délibérée, dont le résultat est le blocage des APC. On jette souvent la pierre aux partis élus qui gèrent les APC, mais disposent-ils de tous les moyens d´accomplissement de leurs missions? L´administration n´a-t-elle pas, quelque part, une responsabilité dans un scénario qui se répète d´une élection à l´autre? Les pénuries répétitives, avec comme corollaire la détérioration du pouvoir d´achat de la population, la mal gouvernance des communes qui induit la mal-vie des citoyens, sont en fait deux aspects de la non-gestion et de la non-gouvernance des affaires du pays. L´absence d´une culture de gouvernance et de gestionnaires patentés pénalise notre pays qui en est encore au stade de l´improvisation et de l´à-peu-près alors que les prévisions et la prospective ne sont guère en partage. A part ça, tout va bien!