Les faits et actes des hommes consignés au long du temps sont autant de points de repère qui disent l´Histoire d´un peuple, d´une nation. C´est cette Histoire qui est le fondement identitaire d´un peuple au même titre que la langue et les croyances religieuses. Quels jalons a-t-on montrés à nos enfants? Quels écrits ont préparés les nouvelles générations à cette connaissance d´un passé glorieux qui les aide à construire un futur de lumière? Comment ces générations peuvent-elles appréhender leur devenir alors qu´on les a tenues coupées de leur passé et de leur Histoire, qu´elles ont été laissées dans l´ignorance des noms des moudjahidine qui se sont sacrifiés pour le pays pour lui faire recouvrer la liberté et son indépendance? Au moment où l´Algérie célèbre le 52e anniversaire du Congrès de la Soummam et le 51e anniversaire du sursaut révolutionnaire du Nord constantinois, nombreux sont ces Algériens issus de la génération de l´Indépendance qui ne savent rien sur leur pays, sur son Histoire, sur le Mouvement national et ses faits d´armes. Sur tous ces faits, motus, l´Histoire (officielle) est restée silencieuse, qui n´a pas cru devoir prendre en charge cet aspect de la formation de l´identité nationale en donnant à la jeune génération les repères de son historicité. Les manuels scolaires orientés n´ont pas permis à la jeunesse algérienne de connaître ses héros, les pères de la Révolution. Est-il dès lors surprenant que les jeunes Algériens n´aient fait la connaissance de l´un des monuments de la Révolution, Mohamed Boudiaf, que lors de son retour d´exil en janvier 1992, trente ans après l´indépendance du pays? Qui aujourd´hui connaît le nom des Six qui ont, un jour, décidé qu´il était temps de passer à l´action? Mustapha Ben Boulaïd, Mohamed Larbi Ben M´Hidi, Krim Belkacem, Mourad Didouche, Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat, qui sont-ils? Quel a été leur itinéraire? Quels ouvrages ont été consacrés à ces hommes qui ont tout donné pour que l´Algérie vive libre? Au moment où l´Algérie célèbre ces deux dates qui ont constitué un tournant dans l´Histoire nationale, quels ouvrages, quels films, quels documentaires télévisés leur ont été consacrés pour en expliquer la genèse et la portée? Or, le compte est vite fait: rien! Du fait que les pères de la Révolution ont aujourd´hui disparu, par le fait que 75% de la population algérienne a moins de 50 ans (née après le 1er Novembre 1954), la légitimité historique doit aujourd´hui prendre un autre sens: celui de redonner à l´Histoire toute sa plénitude et à la geste héroïque des Algériens sa signification, car la légitimité historique ne peut plus justifier le pouvoir sur les Algériens: elle doit, en revanche, ouvrir la voie pour reconstruire les jalons de l´Histoire et les repères identitaires de ce pays.