Diriger, c´est voir loin! C´est-à-dire prévoir les besoins de la population, faire de la prospective, corriger les erreurs qui se seraient produites ici ou là, veiller à la cohésion sociale. C´est l´abécédaire et l´une des missions de «base» de tout gouvernement soucieux de s´investir dans le bien-être social et qui travaille à éliminer tout ce qui peut menacer, ou mettre en danger, cette cohésion de la nation. Or, les rentrées sociales en Algérie sont scotchées au «rouge» depuis des années sans que ne leur soient trouvées des solutions qui permettent de revenir à des normes devenues, d´année en année, hypothétiques. Les récurrentes rentrées sociales «chaudes» sont ainsi devenues la règle au lieu d´être l´exception. Dès lors, d´aucuns se demandent: «Que fait donc le gouvernement? Quelle action a-t-il initié, quelles décisions (non conjoncturelles) ont été prises pour mettre un terme à une situation qui perdure et en outre porte atteinte à cette cohésion sociale que l´on affirme vouloir protéger?» Aussi, posons la question: Est-il normal que d´une année à l´autre, ce que nous importons - en biens de consommation, notamment - augmente au lieu de baisser avec comme conséquence première le fait alarmant que l´autosuffisance alimentaire s´éloigne davantage au moment où la dépendance de l´importation s´accentue. Comment dès lors espère-t-on réduire cette dépendance lorsque 80% de ce que nous consommons est importé? Or, tout semble fait pour accentuer cette dépendance au regard de la dégradation continue des moyens nationaux de production tant dans le secteur agricole que dans celui des produits finis largement ouverts à l´entrée sur le territoire national. Ne relevons-nous pas le fait que d´anciens cadres de l´agriculture se sont reconvertis dans l´import-import de l´agroalimentaire, activité dans laquelle ils ont fait fortune, créant une mafia qui s´oppose à toute revalorisation d´un secteur agricole aujourd´hui au plus mal. La situation est assez sérieuse pour mériter un conseil des ministres exceptionnel aux fins d´analyser les effets de cette nouvelle donne et tenter d´y apporter les solutions qu´elle réclame. Les soubresauts des marchés internationaux des matières premières - poudre de lait, céréales, semences de pomme de terre...- (dont l´Algérie est un grand consommateur) ne justifient en rien ce qui se passe dans notre pays. De complément, certes nécessaire, à ce que nous produisons, l´importation est devenue au fil des ans le principal de ce que nous consommons, mettant gravement en danger la souveraineté même du pays. Aussi, c´est peu de dire que nous nous trouvons aujourd´hui face à un gouvernement pris en flagrant délit d´incapacité à fournir à la population les services de base qui étaient attendus de lui, ni de prendre les décisions propres à mettre un terme à ce cercle vicieux de la dépendance alimentaire, tant le problème n´est ni nouveau ni conjoncturel. Prévenir les crises, y pallier, prendre les décisions opportunes, et en temps réel, pour qu´elles ne se reproduisent pas, c´est certes la moindre des raisons d´être d´un gouvernement, mais les choses sont-elles pour autant entendues? On est en droit de se demander si c´est effectivement le cas face aux démissions des uns et au bluff des autres.