L´Expression lève le voile sur une partie -du moins- du mystère entourant les émoluments des représentants du peuple à l´Assemblée populaire nationale. Beaucoup a été dit à ce propos sur des salaires que l´on imagine facilement mirifiques. La réalité est sans doute tout autre, selon l´angle sous lequel on envisage la chose. La lecture de la fiche de paie d´un député surprend ou laisse dubitatif, entraînant des réactions convenues. Aussi, le salaire mensuel octroyé au député algérien est-il peu en rapport avec sa stature et les missions qui lui sont inhérentes ou, au contraire, est-il trop dorloté et touche-t-il une indemnité injustifiée? En fait, c´est là l´éternel problème qui se pose dès lors qu´il est question de rémunération de hauts responsables de l´Etat, des émoluments maintenus sous le sceau du tabou. Indemnités qui n´obéissent pas aux critères s´appliquant au commun des travailleurs. «Tout travail mérite salaire», dit l´adage. Certes! Toutefois, malgré leur statut «hors cadre», il reste la question de savoir à partir de quels critères sont mesurées les indemnités «convenables» à allouer à un représentant du peuple? Sur quelle base est calculé le salaire plancher d´un député (hors indemnités subsidiaires); obéit-il à un mécanisme général de la Fonction publique ou relève-t-il d´autres mécanismes et paramètres que l´on peine à imaginer? Aussi, la question n´est pas de débattre sur le fait que le salaire des députés soit trop élevé ou au contraire dérisoire. La vraie interrogation est de savoir si l´indemnité allouée par l´Etat aux représentants du peuple est conforme à l´idée que les gens se font de la mission qui est celle d´un député et, plus encore, celle que l´Etat a de la représentation populaire? Au total, quelle place doit être celle d´un député dans la hiérarchie politique nationale et dans la gestion générale des affaires des citoyens et de l´Etat et, partant, quels doivent être les émoluments auxquels elle lui donne droit? En réalité, la rémunération des députés algériens est la résultante de la place que l´Etat octroie aux représentants du peuple. Représentants, qui n´en finissent pas de collectionner critiques et noms «d´oiseaux» (chambre d´enregistrement, Parlement croupion, caisse de résonance et autres joyeusetés) de la part d´un peuple qui ne comprend pas l´apathie des députés et leur peu de réaction, en temps réel, face aux problèmes que rencontrent au quotidien leurs électeurs. Les maux sociaux comme la vie chère, les scandales financiers (pomme de terre importée impropre à la consommation, détournement d´argent dans les banques) n´ont suscité aucune réaction, ni interpellation des ministres de la part des «représentants du peuple». Mais le peuple n´est pas dupe du peu de pouvoir qui est celui de l´Assemblée nationale algérienne. Et là, nous entrons dans un terrain marécageux au vu des conditions mêmes dans lesquelles les députés accomplissent leurs missions, confinés qu´ils sont dans l´approbation des textes de loi de l´Exécutif. D´où le peu d´initiatives dont ont pu être crédités les députés. De fait, le statut actuel du député algérien, qui a un mandat national et non local -ce qui est la règle dans tous les Parlements du monde- sur lequel ses électeurs peuvent le juger, fausse le débat et ne donne aucune clé pour comprendre, ou connaître, la justification des indemnités octroyées aux représentants du peuple.