Pas un jour ne passe sans que la presse ne rapporte une affaire de corruption. L´ampleur prise par ce fléau en fait un véritable cancer qui, s´il n´est pas éradiqué à temps, peut emporter l´Etat. C´est loin d´être une simple vue de l´esprit. Chacun d´entre nous le constate au quotidien: l´argent est un puissant moteur qui ouvre la voie à tous les rouages de l´administration. De l´acte administratif le plus basique aux dossiers les plus complexes, rien ne résiste au Dinar. Avec des devises, la force du moteur est décuplée. C´est même une lapalissade de dire que corruption égale administration. Autrement dit, sans l´administration il ne peut y avoir de corruption. En réalité, on ne peut parler d´administration dès lors qu´il y a corruption. Une fois gangrenée par ce cancer, l´administration n´est plus cette institution indispensable au fonctionnement de l´Etat. Au contraire, car dès qu´elle est atteinte de ce cancer, l´administration n´est plus que bureaucratie qui bloque tout fonctionnement normal, car elle se nourrit précisément du blocage. Une autre lapalissade. Le mal est tellement répandu, tellement banalisé, tellement ancré dans les moeurs, tellement contagieux, qu´aucune médication en surface n´en viendra à bout. Alors que faire? On ne va quand même pas supprimer l´administration pour en finir avec la corruption? Il va sans dire que ce fléau ne peut être combattu que par deux types d´action. L´une en profondeur, au long terme qui peut être menée par le législateur par une criminalisation systématique en supprimant toute variante qui tendrait à considérer la corruption comme un simple délit comme c´est le cas depuis 2001, par le système éducatif et par la communication tous azimuts qui impliquerait tant les médias que les arts (cinéma, théâtre, sketches, etc.). Une autre action à court terme, plus urgente celle-là, doit être engagée sans tarder: sauver le pays de la paralysie qui se profile. Pour ne pas entraver la réalisation des grands projets d´investissements et ne pas freiner la privatisation des grandes entreprises publiques. Un peu à l´image de la Direction des grandes entreprises créée par les impôts, une structure dotée des plus larges prérogatives et rattachée directement à la Présidence de la République pourrait constituer le guichet unique des grandes opérations économiques. Une structure capable de faire sauter, avec l´autorité nécessaire et sans coup férir, tous les verrous et autres goulots d´étranglement de la bureaucratie. Une telle structure pour sauver des investissements en milliards de dollars ou privatiser des entreprises publiques de grande valeur ne sera jamais de trop. L´Algérie est en train de perdre trop de temps et d´argent. Sa souveraineté même est en jeu à cause de ce fléau bicéphale que sont la bureaucratie et la corruption.