L?argent est le nerf de la guerre, c?est aussi, dit l?expression algérienne, «la vérité», essah? ! Certains, affectant des positions moins matérialistes, diront que l?argent n?est pas tout et ne saurait être tout, mais ils sont bien heureux d?en avoir plein les poches et d?en disposer à leur guise ! Ma tkhemem-ch ?âlih, dit-on, ?ându drahem, (ne t?inquiète pas pour lui, il a de l?argent), autrement dit, il ne manque de rien, rien de fâcheux ne peut lui arriver ! On dit aussi que l?argent trace des chemins dans la mer, yaâamlu tt?riq f lebh?er : autrement dit, il rend possible l?impossible ! On dit encore, drahem, ihellu lbiban, (l?argent ouvre les portes), et il faut préciser toutes les portes, y compris celles du mal, de la fraude et de la corruption. On se rappelle la parole de Jugurtha qui, après avoir soudoyé des sénateurs romains, s?écrie au moment de quitter Rome pour rentrer en Afrique : «Ville vénale, tu périras bientôt, si tu trouves un acquéreur !» Mais Rome va rester longtemps debout et verser des sommes colossales pour s?entourer de partisans et dresser ses adversaires les uns contre les autres. Rappelons tout de même que même Jugurtha périra, à son tour, vendu par son propre beau-père aux Romains. Depuis Jugurtha, la corruption n?a cessé de prendre de l?ampleur : les pots de vin, les bakchichs, ou comme on dit, en Algérie, malh lyad, (le sel de la main) prospèrent. On peut même dire qu?il a de l?avenir ! Cette importance de l?argent se traduit par une pléthore de termes pour le désigner : dinar, flous, l?ât?, tchipa, lh?ebb, etc. Des termes sur lesquels nous reviendrons.