Passe que les membres de l´Exécutif se tirent dans les pattes, en donnant l´impression qu´il n´y a pas de pilote dans l´avion, et qu´aucune coordination n´est nécessaire. Passe que les ministres ne soient pas astreints à un devoir de réserve et à une forme de solidarité gouvernementale. Passe même que personne ne daigne les rappeler à l´ordre. Mais ce qui retient l´attention, c´est cette psychose qui s´est installée à Alger après les derniers attentats. A tout bout de champ, on entend parler de bombes désamorcées, de fausses alertes. Celles-ci sont devenues monnaie courante, un jeu d´enfant dans un pays où la population a osé espérer un jour que la crise était derrière elle. Et voilà, malheureusement, à la veille de l´Aïd El Adha, qui doit symboliser la paix, les retrouvailles, le pardon, on se rend compte que l´Algérien n´est pas heureux. Après les différentes flambées des prix (une spirale qui n´en finit pas, mettant à mal les maigres budgets des ménages), voilà que la violence revient à la Une, endeuillant de nombreuses familles algériennes et semant la tristesse et la morosité sur son passage. L´Algérien est un noceur? Il aime faire la fête, en famille ou entre amis. Quelles sont les raisons qui ont installé la tristesse dans son coeur et sur la ville. Sur le plan sécuritaire, les déclarations des responsables sont contradictoires. Sur le plan social, ce n´est pas plus gai. M.Djaâboub en a rajouté une couche en imputant la spirale de l´envolée des prix au marché international. Cela veut dire quoi, sinon que nos responsables ne maîtrisent rien, et qu´ils sont dans l´impossibilité de prendre des mesures pour protéger le pouvoir d´achat des citoyens. Si Hamid Temmar tacle Boudjemaâ Haïchour, si Hachemi Djaâboub dément les déclarations de Saïd Barkat, c´est qu´il n´y a plus de solidarité gouvernementale, alors que les leaders des partis, membres de l´Alliance présidentielle, ne sont d´accord sur rien, et surtout pas sur l´essentiel, alors qu´il n´y pas personne pour les rappeler à leur devoir de réserve. Quant aux préoccupations politiciennes, elles sont sur le point de prendre le dessus par rapport aux inquiétudes des citoyens quant à leur pouvoir d´achat et à la sécurité des membres de leur famille. L´Algérie est-elle condamnée à vivre dans le sang et la violence, la peur au ventre, tout en supportant les volte-face de ses dirigeants, incapables de se mettre d´accord sur un minimum de programme politique?