Huit harragas ont été secourus hier par un navire de guerre américain au large des côtes oranaises. Tandis que onze autres ont été arrêtés vendredi au large d´Arzew. Ce qui porte à 83 le nombre de harragas interceptés depuis mercredi. C´est grave. Des Algériens fuient leur propre pays. Pour arriver à ce stade, il doit, assurément, y avoir beaucoup de choses à se reprocher et certainement à revoir. Les directives du président de la République n´ont jamais été appliquées. Pourquoi? A qui la faute? Le gouvernement, dans ses différentes composantes, ne suit pas. Une analyse, à tout le moins biaisée, est faite quant aux événements qui marquent ou ont marqué le pays ces derniers mois. La désaffection des électeurs aux différents scrutins, la détérioration du pouvoir d´achat, les jeunes qui cherchent comment fuir le pays, à tout cela les responsables, à tous les échelons, font la sourde oreille. Tout va très bien, Madame la Marquise! Aujourd´hui, la jeunesse semble perdue. Sans repères historiques ni perspectives d´avenir, il est difficile de faire croire que la responsabilité incombe à la seule jeunesse. Aussi, faut-il la culpabiliser? Doit-on s´en prendre à elle? Doit-on lui reprocher son «antinationalisme» ou son manque de patriotisme? Doit-on livrer à la vindicte populaire cette jeunesse qui ne demande que du travail ou bien ces fonctionnaires qui ne demandent que l´amélioration de leur situation socioprofessionnelle? Ces reproches doivent être faits, en premier lieu, à ceux qui dirigent le pays. Il est temps d´ouvrir la boîte de Pandore. Les citoyens-électeurs ont besoin de vérité et de stratégie de développement. Dans le cas contraire, le préjudice sera énorme. Les phénomènes kamikazes et harragas n´en sont que quelques-uns des aspects. Aussi, focaliser sur ces deux phénomènes, sans en rechercher les causes, c´est adopter la politique de l´autruche. Aujourd´hui, l´action gouvernementale est discréditée par cette jeunesse. Ce discrédit s´est répercuté sur le taux d´abstention enregistré lors des dernières élections communales et de wilaya. Continuer sur cette voie, risque d´affaiblir dangereusement l´évolution du pays. En conséquence, cette forme de révolte alliée au mécontentement populaire engendré par les différentes crises, pénuries, flambées, risquent d´avoir à terme des retombées négatives sur la stabilité du pays. En prenant la clé des champs, la jeunesse exprime sa mal-vie. La désintégration de l´autorité de l´Etat et le discrédit des relais politiques concourent à l´affaissement de la nation. Persister dans cette voie, caractérisée par l´absence d´écoute, c´est risquer de remettre en cause les acquis de la démocratie. Aussi, il est urgent de revoir sa copie. Il est également urgent de relancer un véritable dialogue avec les représentants authentiques du mouvement syndical et citoyen. Comme il est du devoir de ces derniers de capitaliser les concessions, voire les avancées du gouvernement afin de porter l´idéal démocratique dans une action constructive. Car il y a péril en la demeure!