La question alimentaire est devenue un problème universel quand le monde n´arrive plus à subvenir aux besoins d´une population en constante augmentation. C´est encore plus vrai pour l´hémisphère Sud où se situe la majorité des terres arides de la planète. C´est le cas singulièrement d´un pays comme l´Algérie où moins de 20% de la superficie sont arables et se trouvent concentrés, en sus, en grande partie dans le Sahel et le Tell. Or, le peu de terres cultivables sont soit laissées en jachère, soit surexploitées et mal entretenues ce qui, dans un cas, les a rendues inutilisables pour la communauté, dans l´autre cas, ont vu leur rendement amoindri. Aujourd´hui se pose le dilemme d´une agriculture qui ne nourrit pas son monde. Nous sommes quasiment dans ce cas de figure lorsque la production agricole en Algérie est loin de couvrir les besoins du pays. Le mal remonte à loin, plus certainement à une révolution agraire mal pensée et surtout mal conduite, qui a fait des fellahs de simples fonctionnaires, plus soucieux d´une carrière, que réellement intéressés à travailler la terre avec toutes les contraintes que cela suppose. Etre agriculteur est un dur métier. Et puis, a-t-on idée de faire du paysan un agent qui a des heures immuables de travail, une mensualité fixe? C´est pourtant ce qui s´est passé en Algérie avec comme résultat, au fil des années, une diminution de plus en plus importante des terres productives. La nationalisation des terres, corollaire de la révolution agraire, a accentué davantage la rupture du rapport au fait agricole au moment où la bureaucratie a réduit les dernières volontés paysannes, asphyxiant toute velléité de travailler la terre. Les expériences (villages agricoles, exploitations agricoles collectives -EAC-...) tentées pour rentabiliser la production agricole ont ainsi échoué. Il est évident que l´intention au départ était bonne, qui consistait à donner un accès plus équitable à la terre, par l´élimination de la concentration foncière et partant -outre, réduire la pauvreté- pourvoir aux besoins alimentaires du pays. Il était ainsi question de promouvoir le développement rural par l´encouragement de l´agriculture familiale. Au final, on a seulement pris aux uns pour donner aux autres, généralement peu qualifiés pour le métier d´agriculteur, outre le fait que nombre de terres agricoles se sont vu envahir par le béton réduisant d´autant le peu de terres productives du pays. C´était là, en fait, une véritable tragédie pour l´Algérie, incapable de produire à suffisance pour nourrir ses enfants. Est-il temps de rattraper ce gâchis? Certes oui, et l´expérience des tomates d´Adrar est là pour dire que la terre algérienne est toujours généreuse et prête à donner le meilleur. Encore faut-il débureaucratiser la gestion du fait agricole pour permettre aux vrais agriculteurs de redonner vie à une terre qui ne demande qu´à produire. Il y a, à l´évidence, des mentalités qui doivent changer pour que chacun soit à la place la mieux appropriée pour servir le pays. Cela n´a pas toujours été le cas. De fait, l´Algérie n´est jamais passée de la révolution agraire, le partage équitable des terres, à la révolution agricole, avec tout ce que cela sous-entend comme modernisation de l´outil et du travail agricoles. Une révolution manquée qui met en porte-à-faux le pays devenu dépendant de l´importation massive pour se nourrir. Aussi, repenser l´agriculture nationale est l´urgence de l´heure, le pays ne pouvant demeurer dans cette expectative sans réel choix pour un avenir qui ne lui appartient plus.