Que le 5 Octobre 1988 n´ait jamais été «l´expression spontanée de la rue» ni le jour d´un «sursaut démocratique», cela personne n´en doute. La manière dont le «feu» a été allumé, la veille, une première fois au souk el-fellah de Bab El Oued sans bien prendre, est révélatrice. Il lui aura fallu souffler de plus belle, le lendemain, pour voir des groupes de gamins entre 10 et 16 ans prendre position à certains endroits de la capitale. Des adultes les fournissaient en pierres et autres projectiles tout en leur transmettant les «ordres». Ceci était à l´époque, visible à l´oeil nu. Quelques jours avant, comme pour préparer l´événement, le marché accusait des pénuries de denrées de première nécessité. Parallèlement, des grèves sont organisées notamment dans la zone industrielle de Rouiba, à l´est d´Alger, fief à l´époque, de syndicalistes affiliés au Pags. Le 5 Octobre 1988 ce sont des centaines de morts et des milliers de blessés parmi la population civile. L´autre «victime» de ce 5 Octobre fut le FLN dont le siège fut envahi et saccagé par les manifestants. Son leader Mohamed Chérif Messaâdia ne s´en relèvera que douze années après. En 2000, le Président Bouteflika l´appelle au Sénat au titre du tiers présidentiel. Le Sénat à la présidence duquel il est élu quelque temps après. Donc, deuxième personnage de l´Etat. Une réhabilitation en quelque sorte et une fin de carrière honorable puisqu´il décède alors qu´il est toujours en fonction. Effectivement, le 5 Octobre n´aura en rien été un «sursaut démocratique» ni une «expression spontanée». Tout se passait dans les coulisses du pouvoir. Cela tout le monde le sait. Des coulisses où les hommes forts du moment étaient Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président Chadli, Mouloud Hamrouche, son secrétaire général, Hedi Khediri, ministre de l´Intérieur, Abdelhamid Brahimi Premier ministre et... le secrétaire général du gouvernement Mohamed Mohammedi. Du côté des services de sécurité, il y avait Lakehal Ayat pour les services de renseignements de l´armée qui sera remplacé par Mohamed Betchine. Il y avait le général Khaled Nezzar commandant des forces terrestres et Mohamed Lamari, chef d´état-major. Le patron de la police était Mohamed Bouzbid. Voilà pour le premier cercle. Et quand Ouyahia parle de lutte de clans à l´intérieur du pouvoir, il est légitime à tout Algérien de lui demander ainsi qu´à tous les protagonistes cités plus haut, la vérité de ce que le général Mohamed Betchine a désigné sous le nom de «complot de Potemkine». Oui, M.Ouyahia, nous sommes en droit d´exiger la vérité, toute la vérité. Se contenter de dire que c´était une lutte interne à l´intérieur du sérail, c´est en dire trop ou pas assez. Et à tous les autres acteurs aujourd´hui encore vivants et qui gardent la bouche cousue nous disons: votre silence n´arrêtera pas le jugement de l´histoire. Au contraire, il sera accablant.