Sans surprise, Abbas El Fassi, ci-devant secrétaire général du parti Istiqlal et Premier ministre marocain, revient lourdement, à l´occasion du congrès de son parti, sur le contentieux qui opposerait, selon lui, le Maroc à l´Algérie. M.El Fassi affabule encore sur le Grand Maroc et prête à l´Algérie des desseins qui sont, jusqu´à preuve du contraire et plus ample informé, ceux -uniquement- du Maroc. Les frontières de l´Algérie ont été tracées par le sang des martyrs algériens et nous dénions à quiconque de venir remettre en question ne serait-ce qu´un pouce de ce territoire. De fait, comment se peut-il qu´en 2009, le secrétaire général de l´Istiqlal évoque encore un prétendu «Sahara oriental»? alors que la question des frontières entre l´Algérie et le Maroc a été tranchée en 1969 - le 15 janvier plus précisément - par la signature du Traité d´amitié, de bon voisinage et de coopération à Ifrane. Ce traité dit «d´Ifrane», signé le 15 juillet 1972 par les défunts président Houari Boumediene et le roi Hassan II, a été ratifié par l´Assemblée populaire nationale (APN) le 17 mai 1973 et le 28 mai 1992 par la Chambre des représentants du Royaume chérifien. Le traité d´Ifrane de 1972 délimite la frontière (longue de 1559km) entre l´Algérie et le Maroc. Ce sont là des faits. Aussi, le Premier ministre marocain serait bien inspiré de se rafraîchir la mémoire en consultant les traités, sus-cités, signés et ratifiés par son pays. Sur ce point, le contentieux avec le Royaume chérifien est définitivement clarifié et laissons au secrétaire général de l´Istiqlal ses chimères, qui rêve toujours d´un mythique Grand Maroc (englobant outre le Sahara occidental, trois wilayas algériennes (Adrar, Béchar et Tindouf), la Mauritanie et deux tiers du Mali. Rien que ça. Les propos de M.El Fassi, chef de gouvernement, sont graves car - outre de transgresser les règles du droit international en la matière et la règle de l´intangibilité des frontières héritées de la colonisation, qui fonde le continent africain post-indépendance - sont provocateurs et propices à la fitna entre deux pays frères. Aussi, nous ne le suivrons pas sur ce terrain d´autant que la question des frontières est, pour ce qui est de l´Algérie, irrémédiablement scellée. Le Premier ministre marocain déraisonne encore en affirmant à propos du Sahara occidental qu´«à travers la position algérienne, le monde réalise que les entraves des efforts des Nations unies, auxquels coopère le Maroc, sont du fait de l´Algérie qui soutient la thèse du séparatisme et encadre le groupe séparatiste à contresens de l´Histoire et de la géographie (....)». Si un pays entrave les efforts des Nations unies pour l´organisation d´un référendum dans les territoires sahraouis, c´est bien le Maroc, lequel fait obstacle au droit des Sahraouis à se prononcer sur leur devenir. Là aussi, M.El Fassi fabule. Pour qu´il y ait «séparatisme», il aurait fallu qu´il y ait eu dissidence d´un territoire (marocain) reconnu tel mondialement. Le secrétaire général de l´Istiqlal ferait mieux de consulter la cartographie officielle de l´ONU sur laquelle le Maroc et le Sahara occidental figurent séparément et nommément. Aussi, les seules frontières marocaines admissibles sont celles reconnues internationalement. De fait, aucun Etat ne reconnaît la marocanité du Sahara occidental. Alors, la question qui se pose - depuis l´envahissement en novembre 1975 de Saguiet El Hamra et du Rio de Oro par l´armée marocaine - est celle de savoir si ces deux territoires, jusqu´alors sous administration espagnole, sont marocains. Seul le peuple sahraoui est apte à répondre - par référendum - à cette question. Ce que justement Rabat refuse aux Sahraouis, en entravant la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité concernant la propriété du territoire sahraoui. Les contrevérités que professent les responsables marocains ne changeront rien à la donne fondamentale du contentieux sahraoui qui est et reste un problème de décolonisation comme l´affirme l´Algérie et le qualifient les Nations unies.