L´une des décisions fortes, la plus attendue, prise par le nouveau président américain, Barack Obama, -saluée par la communauté internationale- a été la fermeture du centre de détention de la base américaine de Guantanamo sur l´île de Cuba et, dans son sillage, celle des prisons secrètes de la CIA (Centrale du renseignement américain). Dans ces lieux secrets se déroulent ou se sont déroulées des choses inqualifiables qui ont vu des hommes être torturés, humiliés et mis en marge de l´humanité. Le président sortant américain, George W.Bush y était pour beaucoup, qui a ordonné l´érection de ces endroits que la morale et le droit international prohibent et condamnent. Faut-il le juger et lui demander des comptes en tant qu´initiateur de ces lieux de torture et de déshumanisation? Certes! Mais ces geôles n´ont été possibles que parce que des pays ont accepté d´être des sous-traitants et ont toléré d´héberger de tels lieux. Que dire lorsque on apprend que la majorité de ces pays étaient des pays arabes? Que dire lorsque figure parmi eux la Syrie estimée au-dessus de tout soupçon dans ce genre d´arnaque? Qui est le faux jeton dans cette affaire, Bush qui n´a pas eu de mots assez durs pour condamner «l´Etat voyou» qu´était pour lui le pays du Sham ou la Syrie drapée dans les oripeaux de victime du «grand Satan» américain? Beaucoup de questionnements en vérité pour ces relations troubles entre dirigeants américains et syriens. Comme nous restons sidérés par le fait que sur les treize ou quatorze pays supposés abritant ou avoir abrité des prisons secrètes, ou soupçonnés d´avoir, à un moment ou à un autre, prêté leurs geôles aux tortionnaires de la CIA, la majorité d´entre eux serait des Etats arabes. Oui, des Etats arabes! Outre la Syrie, on cite le Maroc, l´Egypte, l´Arabie Saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Yémen et l´Irak. Encore que pour ce dernier, il n´y pouvait vraiment rien. Cela fait tout de même huit pays arabes sur 23, qui auront abrité des prisons secrètes de la CIA, outre trois pays musulmans, l´Afghanistan, le Pakistan et l´Ouzbékistan qui ont permis au renseignement américain de cacher ses outrages et d´échapper à la réprobation. Les présences de la Pologne et de la Roumanie dans ce cercle de mauvais aloi, apparaissent presque anecdotiques au regard de l´adhésion massive et sans état d´âmes de dirigeants arabes aux coups tordus de l´administration Bush. Non, ce n´est pas Israël, allié des USA, qui a abrité les prisons de la honte mais bien la Syrie, l´Egypte ou l´Arabie Saoudite, citées en «exemple» pour les peuples arabes, pour leurs mérites supposés. Comment dès lors pouvait-on être surpris par la déconfiture arabe face à l´Etat hébreu, par les désunions récurrentes qui caricaturent les pouvoirs arabes, par les répressions contre leurs peuples tenus en laisse, quand des dirigeants arabes acceptent d´être les geôliers de l´opprobre. Et pour cause! Dans ces contrées, il n´y a pas de citoyens et les peuples n´ont pas droit de cité. Le dirigeant arabe est tout et décide de tout. La CIA, un démembrement du gouvernement américain, était obligée de se plier aux contraintes légales qu´impose la loi américaine. Même le tout-puissant président états-unien se plie aux lois de son pays qu´il estime légitimes et au-dessus de toute considération, car pérennes et émanant du peuple. Dès lors, on s´adresse à des pays où ces lois pouvaient être violées sans autre forme de procès. Et ces pays sont malheureusement des pays arabes, lesquels n´ont pas démenti, ou très mollement, les informations qui ont fait état, ces dernières années, de la présence de ce genre de prisons clandestines dans leurs murs. Il est vrai aussi que dans des pays où des «hommes providentiels» sont à la tête des Etats et s´estiment au-dessus des lois, on ne s´arrête pas à ce genre d´infractions. Et ceci explique sans doute cela.