Le 5e Forum mondial de l´eau a clos ses travaux hier à Istanbul en laissant le monde sur sa soif. Il a mis en évidence les gros enjeux de cette denrée vitale qu´est l´eau. Des enjeux tels que la notion de «droit humain à l´eau» a été écartée pour ne retenir que celle qui en fait «un besoin» uniquement. Beau cadeau pour la Journée internationale de l´eau que le monde célébrait hier. L´importance de l´eau dans la vie de l´humanité n´a point besoin d´être rappelée ni les guerres et conflits qu´inévitablement cela engendre. Pour se faire une idée, il faut savoir que si Israël s´obstine à ne pas revenir aux frontières de 1967, c´est essentiellement à cause de l´eau. En effet, 60% de l´eau potable consommée en Israël proviennent des territoires occupés (Golan et Cisjordanie). Malgré cela, les besoins d´Israël sont loin d´être totalement assurés. Le lac de Tibériade qui est son réservoir naturel est presque épuisé par les années de sécheresse, tandis que les incessantes prières que les juifs appellent «Shéma», n´ont pas réussi à ramener la pluie. Il faut savoir aussi, qu´Israël achète de l´eau en Turquie depuis 2002 à raison de 50 millions de m3 par an sur la base d´un contrat signé pour vingt ans. D´ailleurs, et depuis le mois dernier, tout le gouvernement israélien est mis à contribution pour trouver une solution à ce problème. Pourra-t-il trouver autre chose que la solution militaire comme en 1967? Oui, l´eau est source de guerres et de conflits. Dans notre pays, l´eau a de tout temps été un souci majeur. Même l´administration coloniale, que certains veulent auréoler d´oeuvre «civilisatrice», n´a jamais réussi à résoudre le problème. Pas même pour les besoins de ses propres colons. Quant aux indigènes, repoussés dans les régions les plus arides du pays, que nous étions, n´en parlons pas. Au lendemain de l´Indépendance, ce n´était guère mieux. Il n´y a que les enfants et les adolescents qui ne s´en rappellent pas. Quel adulte ne se rappelle pas des robinets à sec (même dans la capitale) où l´araignée avait tout le temps pour tisser sa toile? Quel adulte ne se rappelle pas de la recherche éperdue, par les citoyens de points d´eau, bidons à la main? Le bidon avait une telle importance dans notre vie, que certains ont choisi d´en rire plutôt que d´en pleurer en suggérant, à l´époque, l´instauration du concours «du plus beau bidon». Il faut être vraiment de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que depuis 1999 la situation a nettement changé. Aujourd´hui, l´eau coule tellement dans les robinets qu´il faut penser à lutter contre le gaspillage. Sur 72 barrages programmés, 60 sont déjà en exploitation. A quoi s´ajoute, le dessalement d´eau de mer avec 13 grandes stations prévues et 23 stations monoblocs réparties sur toute la longueur de la façade maritime du pays. Sans compter la rénovation des réseaux de distribution où les fuites causaient 50% de pertes. Aujourd´hui, les bidons ont disparu. Ou plutôt, ne servent qu´à l´intérieur des foyers. Avons-nous, par conséquent, vraiment gagné la bataille de l´eau comme l´a déclaré M.Sellal avant de quitter son poste ministériel pour prendre la direction de campagne de Bouteflika, à qui on doit ce résultat? La réponse est oui! Sauf que gagner la bataille ne suffit pas, il nous faut gagner la guerre. C´est-à-dire écarter à long terme, très long terme, le spectre de la pénurie. Du travail reste à faire. M.Ould Kablia qui a en charge les Ressources en eau, l´a annoncé à Istanbul: 19 milliards de dollars seront réservés au secteur dans le prochain plan quinquennal. De quoi faire toutes les prières, sauf celle de «l´Istisqa».