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JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE
Publié dans L'Expression le 03 - 05 - 2011

La presse autant haïe, sinon redoutée par les pouvoirs, reste pourtant un partenaire incontournable.
Le 3 mai ça vous dit? Incidemment c'est le jour où la corporation des journalistes célèbre la Journée de la liberté de la presse. Une journée lors de laquelle l'on se rappelle, opportunément, de tout ce qui reste à entreprendre pour faire de cette profession, tant décriée, une fonction parmi d'autres, sans doute, mais avec ses particularités. La presse autant haïe, sinon redoutée par les pouvoirs, reste pourtant un partenaire incontournable. Qu'y a-t-il donc de redoutable dans une plume maniée par un esprit libre? En fait, toute la problématique de la liberté d'expression et de la presse est là.
Dans le monde où nous vivons, l'information est essentielle, autant pour le décideur, l'homme public que pour le simple citoyen lambda. L'énoncé est sans doute élémentaire, il n'en demeure pas moins que c'est là une vérité bonne à (re)dire dans l'environnement qui est le nôtre dès lors que nous ne vivons pas sur une autre planète alors que le pays est quotidiennement arrosé par plus de mille satellites répandant sur le pays le «m'lih wal kbih».
Et chaque 3 mai de nous demander, au moment où nous célébrons la liberté d'expression: «Mais dans quel monde vivons-nous donc?» «Ceux qui dirigent ce pays ne savent-ils donc pas que la population est branchée H24 sur les chaînes étrangères lesquelles déversent sur sa tête des images, des informations venues d'ailleurs et lorsque ces chaînes parlent de l'Algérie, elles lui distillent une information manipulée, désinformatrice, sans que cette population ait la possibilité de séparer le bon grain de l'ivraie.» Normal?
Or, les Algériens n'ont pas cette contre-information que devaient, auraient dû véhiculer les médias lourds nationaux plus prompts à dire la «parole officielle» quand les citoyens veulent comprendre, attendant qu'on leur donne la bonne information qui leur permette de faire la part des choses et se forger leur propre opinion.
Comment peuvent-ils se forger cette opinion lorsqu'ils ne disposent que d'une seule source d'information, qu'on ne leur fournit qu'un seul son de cloche à écouter, à voir, à lire? Cette situation de mise en marge, ou privation du citoyen de son droit à l'information, est justifiée par les cercles officiels, par le fait que les Algériens ne seraient pas encore mûrs pour gérer (?) produire (?), recevoir la pluralité médiatique, alors que les Algériens, nombreux à s'être débranchés de l'unique Chaîne nationale de télévision, s'abreuvent à la source de chaînes étrangères pas toujours régulières pour ne pas dire plus. Notons que le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a récemment admis que la décision de l'ouverture médiatique est «politique» Cela recentre quelque part le débat. En tout état de cause, est-il normal que des hommes politiques nationaux, non admis à apparaître sur l'Unique, aillent débattre sur des télévisions étrangères des problèmes qui intéressent uniquement les Algériens? Ce questionnement est posé juste au titre de fait curieux du paysage audiovisuel algérien
Maintenant, revenons à cette liberté d'expression, idée sans impact sur la libre circulation de l'information. Il est vrai que l'information, dit-on, donne du pouvoir. Certes! Cela pouvait être vrai, il y a encore un demi-siècle. Cela ne l'est plus, ne peut plus l'être aujourd'hui, du fait même du réseau communicationnel qui enserre la planète, (chaînes satellitaires, Internet, Facebook) rendant sans objet un verrouillage médiatique qui s'assimile de plus en plus à la politique de l'autruche.
Ainsi, la connotation politique, donnée à l'information en Algérie, prive le citoyen de son droit à l'accès à l'information nationale (politique certes, mais également économique, sociétale, culturelle, de divertissement...).
Pour rappel, l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU stipule que «la liberté d'expression est un droit humain fondamental». On peut longtemps ratiociner sur ce concept à tout le moins abscons de «liberté d'expression», il n'en reste pas moins que celle-ci, telle qu'énoncée par les textes fondamentaux de l'ONU, est loin d'être évidente en Algérie ou la mieux partagée.


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