L´insistance avec laquelle Mme Louisa Hanoune demande la dissolution de l´actuelle APN relève d´un calcul tactique et stratégique du Parti des travailleurs. Tactique parce que c´est maintenant ou jamais que le PT peut tirer les marrons du feu. Maintenant que deux des principaux partis qui disposent d´un grand nombre de sièges de députés sont en proie à de sérieuses turbulences internes. En effet, et en l´état actuel des choses, le MSP et le FNA ne peuvent pas affronter avantageusement des législatives anticipées. Par contre, le PT, dopé par la dernière présidentielle où il considère mordicus que sa candidate a eu plus d´audience que le nombre de voix officiellement proclamé, pense donc pouvoir «cartonner». A condition toutefois que les législatives aient lieu avant que la ferveur de la présidentielle ne s´estompe. D´où la forte insistance du PT. Stratégique, car une forte représentation nationale permettrait à Mme Hanoune d´envisager son entrée au gouvernement en position de force. Comme elle l´a d´ailleurs déclaré en plusieurs occasions. Ou, à tout le moins et avec une majorité affaiblie par le recul d´un MSP déstructuré, influer par le jeu des alliances sur le pouvoir législatif. Dans tous les cas de figure, le gain de sièges lui semble plus que sûr. Ce qui ne peut que faire avancer la place de son parti sur la scène politique. C´est un calcul qui tient la route certes, sauf qu´il n´est pas infaillible. Pour au moins une raison. Les deux plus grands partis du pays que sont le RND et le FLN ont passé le cap de la présidentielle sans perdre de leurs forces. Bien au contraire. Il n´est donc pas exclu, en cas de législatives anticipées, que ce soient eux qui en profiteraient le plus. Tous deux disposent de formidables machines de guerre électorales. Leur capacité de mobilisation toujours intacte serait décuplée sur un terrain où le MSP et le FNA sont en perte de vitesse. Résultat des courses, le pays peut se retrouver avec une composition politique à l´américaine. C´est-à-dire avec la prévalence de deux grands partis. Les conservateurs d´un côté et les «modernistes» de l´autre. Mais une telle éventualité n´est pas bonne pour la santé politique du pays. Une sous-représentativité des islamistes ou apparentés serait une menace certaine à la cohésion sociale et donc à la paix. C´est là une raison de poids qui permet d´espérer que le président de la République n´accèdera pas, au moins pour l´instant, à la demande de Mme Hanoune et de toutes les voix qui «sautent» sur l´occasion pour rallier sa démarche. L´intérêt partisan ne doit pas être confondu avec l´intérêt national. Ce dernier exige une décantation du paysage politique avant toute nouvelle consultation populaire. L´anticipation dans la précipitation n´est qu´aventure.