La fièvre de la qualification des Verts au Mondial sud-africain, triomphalement et justement célébrée, étant tombée, il est grand temps de revenir à la réalité de tous les jours. Elle n´est pas toujours rose. Loin s´en faut! La fièvre du football qui a embrasé ces derniers jours le pays, avait quelque peu positivé les choses, faisant oublier au commun des Algériens ses soucis quotidiens pour ne s´inquiéter que de la sécurité de notre Equipe nationale et des supporters algériens l´accompagnant en Egypte et au Soudan, pour ce qui est devenu, par la force des choses, une question de dignité, de «nif». Mais tout est bien qui finit bien avec à la clé une qualification, hautement méritée, de l´Algérie au Mondial 2010. Ceci dit, il faut bien admettre maintenant que la parenthèse des qualifications n´aura été qu´un répit, sans effet sur une mercuriale qui continue à faire des siennes, mettant dans l´embarras les petites bourses. Cela se reflète par une cherté de la vie qui ne s´est pas démentie avec des prix qui défient la raison. A commencer par le mouton de l´Aïd, réellement hors de portée du consommateur basique, qui affiche des prix astronomiques. Mais pas seulement le mouton. Les prix des produits courants, même ceux réputés de large consommation en cette période hivernale - comme les lentilles et les haricots blancs devenus inabordables (140 à 160 dinars le kg) - sont atteints par cette boulimie qui les fait grimper vers les cimes alors que rien ne justifie une telle surenchère. L´automne n´a en rien refroidi les ardeurs des spéculateurs, ni en fait, la détermination des enseignants à faire valoir leur droit à une vie décente, plus conforme à leur statut social. De fait, la cherté de la vie a un impact direct et négatif sur la société en général, sur sa frange la plus fragile en particulier. Et les enseignants et les hospitalo-universitaires entrent de plus en plus dans cette catégorie fragilisée par les circonstances difficiles de la vie. En effet, nombre d´enseignants et d´hospitalo-universitaires, dont les salaires restent très bas, sont en voie de paupérisation ne parvenant plus à faire vivre correctement leurs familles. C´est là une vérité qui ne saurait être tue ou relativisée. Il est patent que les enseignants, notamment, qui ont maintenu et même durci leurs grèves, ne croient plus aux promesses de l´Administration, les mêmes faites depuis des années mais jamais concrétisées. Dès lors, nombre de travailleurs de l´Education nationale et fonctionnaires de l´Administration publique, qui sont censés représenter la classe moyenne, n´ont plus les moyens de faire face à leurs responsabilités et à offrir à leurs enfants de fêter l´Aïd dans la joie, à l´instar de tous les enfants d´Algérie. C´est le revers de la médaille d´un pays qui a la capacité de faire plus, d´offrir plus à ses enfants. Ne nous leurrons pas, la qualification des Verts au Mondial a certes mis du baume au coeur des citoyens algériens, mais le retour à la réalité n´en est que plus dur, plus amer. Ce qui explique un peu la méfiance des syndicats qui ne croient plus en ce que dit leur tutelle, comme les consommateurs ne croient pas plus aux promesses de régulation des prix du ministère du Commerce alors que les spéculateurs agissent en terrain conquis. Or, quand les pouvoirs publics veulent, ils peuvent. Ils l´ont largement démontré avec le pont aérien organisé vers le Soudan.