L´Egypte règne sans partage depuis 55 ans (exception faite de la parenthèse (1980-1990) de la régence tunisienne, après la signature par Le Caire du traité de paix avec Israël en 1979, et le transfert du siège de la Ligue arabe à Tunis en 1980) sur l´organisation arabe créée le 22 mars 1945. Il est plus que grand temps de mettre un terme à la tutelle égyptienne sur le monde arabe et de revoir le fonctionnement d´une organisation censée représenter la nation arabe. La Ligue est devenue en réalité, au fil des ans, une simple annexe des services du ministère égyptien des Affaires étrangères. A tel point que la Ligue arabe servait de voie de garage aux chefs de la diplomatie égyptienne, plus en odeur de sainteté et/ou constituant des concurrents pour les hommes du pouvoir. De fait, ce qu´il faut souligner est que la Ligue arabe est depuis sa création une affaire égypto-égyptienne dans laquelle les autres pays arabes n´ont pas droit de regard. C´est tellement vrai que, dès son retour dans le giron arabe en 1990, l´Egypte exigea et obtint le retour du siège de la Ligue arabe au Caire. Il faudrait que la tutelle imposée par l´Egypte à l´organisme arabe cesse. Soit la Ligue arabe recouvre le rôle pour lequel elle a été fondée, et s´impose comme partenaire incontournable de la communauté internationale, singulièrement pour ce qui est du dossier palestinien, soit, tout bonnement, qu´elle disparaisse de la scène politique arabe du moment qu´il ne sert à rien d´entretenir à perte une organisation de laquelle la nation arabe ne tire aucun profit, si ce n´est faire vivre une armée de bureaucrates et de ronds-de-cuir égyptiens. La question se pose avec d´autant plus de gravité que le moment semble propice pour soulever la remise en cause du fonctionnement de la Ligue arabe à l´aune du départ annoncé de son actuel secrétaire général, Amr Moussa, qui a indiqué récemment à la presse égyptienne son intention de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête de l´organisation panarabe dont il dirige le secrétariat général depuis 2001. Le Caire va-t-il à nouveau imposer un Egyptien pour un poste que l´Egypte estime lui revenir de droit? L´Algérie qui a déjà posé la question de la réforme de la Ligue arabe, devenue indispensable pour lui ouvrir la voie à la performance, ne manquera pas de revenir à la charge. D´autant plus qu´il est évident qu´Alger ne pourra laisser passer cette opportunité pour remettre sur la table ce dossier, car il est inconcevable que la Ligue des Etats arabes soit plus longtemps chasse gardée de l´Egypte et des Egyptiens. Si le mode de fonctionnement de la Ligue arabe ne change pas et demeure sous le monopole et la tutelle de l´Egypte, on ne comprendrait plus le pourquoi de la présence de l´Algérie dans cet organisme-alibi, si c´est seulement pour y faire banquette. En marge du champ de bataille arabe depuis l´accord de Camp David, l´Egypte s´est encore disqualifiée récemment en se lançant dans la construction d´une barrière d´acier à ses frontières avec la Bande de Ghaza, contribuant, en parallèle avec l´Etat hébreu, à asphyxier les Palestiniens. En se désengageant de cette manière de la cause palestinienne - que d´aucuns n´hésitent pas à qualifier d´ignominieuse - l´Egypte - outre de conforter le blocus qu´Israël impose à Ghaza depuis bientôt trois ans - aura surtout choisi son camp. Dès lors, le maintien du siège de la Ligue arabe au Caire et la perpétuation de la mainmise de l´Egypte sur son secrétariat général seraient une véritable hérésie, non seulement par rapport à la cause sacrée du peuple palestinien, mais également par rapport à l´ensemble de la nation arabe tenue pour quantité négligeable par Le Caire. De fait, de par ses agissements, qui vont à l´encontre des intérêts de la nation arabe, l´Egypte, outre de devoir des explications aux Arabes, ne semble plus qualifiée pour parler ou exercer le leadership en leur nom.