L'événement aura lieu aujourd'hui au siège de la Ligue arabe. Longtemps amorphe, sans pouvoir et sans objectif précis, la Ligue arabe entame -prudemment- une réforme de ses structures et de son statut, qui doivent -à terme- en faire une institution à même de répondre aux besoins du monde arabe et des peuples arabes. Aussi, l'installation, aujourd'hui au Caire, du Parlement arabe, institution créée, en mars dernier, lors du sommet arabe d'Alger, constitue la première étape d'une refondation en profondeur de la Ligue arabe par la modernisation de son mode de fonctionnement et d'organisation. Il faut dire que l'Algérie qui accueillait le sommet arabe de mars dernier a -sous l'action du président Abdelaziz Bouteflika- pesé de tout son poids pour imposer un certain nombre de réformes dont celle de la création d'un Parlement qui aura à terme une place prépondérante dans l'unification des législations arabes, étape sine qua non dans la marche arabe vers l'unité. Il convient de préciser cependant que, pour le moment, le Parlement -dont les membres sont désignés (à raison de quatre représentants pour chacun des 22 Etats membres)- n'aura pas d'action législative, mais aura surtout pour mission de préparer la mise en place d'une véritable Assemblée élue représentative des diversités politiques comme cela se fait dans les grandes nations et unions à travers le monde. Le siège du Parlement arabe a été fixé à Damas, la capitale syrienne. De fait, la Ligue arabe avait besoin d'un traitement de choc pour la sortir de la paralysie où elle s'est figée depuis de nombreuses années. Aussi, durant ses soixante années d'existence, la Ligue arabe n'a été qu'un faire-valoir sans pouvoir et sans effet correctif sur les décisions (ou dérives) des gouvernements arabes qui, comme on le sait sont jaloux de leurs prérogatives. Première association d'Etats à avoir été créée en 1945, la Ligue arabe n'en est pas moins restée, durant toutes ces années, une simple structure sans aucun pouvoir mais a, longtemps, justifié une unité arabe de façade. Il aura donc fallu attendre 2005, soit 60 ans après sa création, pour que les dirigeants arabes acceptent d'opérer des réformes en profondeur au sein de la Ligue arabe pour lui donner de s'adapter aux mutations ayant touché le monde ces dernières décennies. Toutefois, l'existence d'un Parlement n'est pas en soit la fin mais doit en fait constituer le début d'une mutation de la pensée arabe pour l'adapter à la modernité et au monde dans lequel nous vivons. En effet, un Parlement (sans pouvoir) ne servirait à rien si, parallèlement, les pays arabes n'entament pas leur propre réforme au niveau national d'une part, céder une (des) parcelle (s) de leur pouvoir à l'institution parlementaire en gestation. La création d'une telle Assemblée a d'ailleurs constituée l'une des principales recommandations qui ont sanctionné le sommet arabe d'Alger sus-mentionné. Comme il faut un début à tout, la structure parlementaire qui sera installée aujourd'hui sera transitoire et, partant, ses pouvoirs limités. Néanmoins il pourra toutefois aborder certains thèmes relatifs à l'action arabe commune comme le stipule le statut du nouveau Parlement qui indique que ce dernier pourra «discuter des sujets relatifs au renforcement de l'action arabe commune et émettre des recommandations à cet effet». Dans cet ordre d'idées, il aura également à examiner et à débattre sur des dossiers tels ceux en relation avec les «dangers menaçant la sécurité arabe» ou encore discuter des problèmes économiques et sociaux, ainsi que des droits de l'Homme. C'est peu certes, mais cela permettra aux parlementaires arabes de se roder et de mieux connaître les législations arabes par la confrontation de leurs idées sur des textes législatifs arabes souvent, pour ne pas dire toujours, en décalage par rapport aux réalités et aux besoins des peuples arabes. La séance inaugurale du Parlement au siège de la Ligue arabe au Caire, à laquelle assistera le président égyptien Mohamed Hosni Moubarak, sera marquée par la présence du président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, qui représentera le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, président en exercice du Sommet arabe.