Le 27e Championnat d´Afrique des nations (CAN 2010) qui s´ouvre aujourd´hui en Angola promettait, à la veille de la première Coupe du monde organisée en terre africaine, d´être le rendez-vous qui confirmerait le football africain dans sa dimension planétaire. Hélas, des terroristes en ont décidé autrement en mitraillant un bus de la délégation du Togo, entachant de sang une fête attendue avec ferveur par les peuples angolais et africains. Il est évident - c´est du moins ce qu´annonçait vendredi soir la Confédération africaine de football (CAF) - que la CAN continuera, mais le coeur n´y est plus et l´ambiance ne sera plus la même. Une certaine innocence a été blessée et les phases de cette CAN ne seront plus vues de la même manière. On attendait les stars du football africain, qui font le bonheur des grands clubs européens et africains on découvre les soldes d´une guerre mal finie avec ses plaies mal cicatrisées. En revendiquant l´attentat contre le bus du Togo, le Flec (Front de libération de l´Enclave de Cabinda) rappelle douloureusement qu´en coulisses, la situation en Angola n´est pas aussi clean que l´on pouvait le supposer ou que les autorités angolaises veulent bien le faire croire. On peut toujours faire l´effort de comprendre que le gouvernement angolais en choisissant - en connaissance de cause - l´Enclave de Cabinda pour la CAN, ait voulu montrer que l´ordre et la sécurité sont revenus sur l´ensemble du territoire angolais. Mais fallait-il pour autant défier le sort? La réponse est venue des rebelles cabindais qui mirent à profit le fantastique tremplin qu´offre ce rendez-vous africain pour passer à l´action. Il n´y avait qu´à voir le retentissement universel qu´eut le caillassage du bus de l´équipe algérienne au Caire par de nervis égyptiens, pour comprendre l´état d´esprit de ceux qui n´ont pas hésité à tuer pour se rappeler au «mauvais» souvenir, autant des autorités angolaises que de la communauté internationale. Observons que la méthode était quasiment identique à celle employée en Egypte contre les Fennecs. Seulement au lieu des pavés lancés contre le bus des Algériens, les Togolais ont reçu des balles meurtrières (2 morts et neuf blessés dont au moins deux joueurs, selon le dernier bilan). Le football, devenu opium des peuples, a également une force d´attraction sans pareille dans le monde qui fait du jeu à onze le premier et le dernier support pour tous ceux en mal de publicité ou désireux de faire fructifier leur image de marque. C´était l´objectif du mouvement indépendantiste de Cabinda qui, grâce à la stratégie hasardeuse de Luanda, s´est ainsi donné une visibilité internationale. Jusqu´à mettre en péril une compétition internationale de l´envergure du Championnat d´Afrique des nations. Avant le mitraillage du bus des joueurs togolais, qui se souciait du Flec? Peu de monde en vérité, si ce n´est ceux sintéressant aux groupes terroristes africains. Qui désormais pourrait ignorer que subsiste en Angola un mouvement séparatiste, reliquat de la guerre de libération? Dès lors, la question qui se pose est de savoir si le gouvernement de Luanda n´a pas mésusé du calme régnant dans cette région, du fait que, malgré l´accord de paix de 2006, la rébellion de Cabinda n´a pas, en réalité, désarmé. Il y avait donc cette donnée sécuritaire que les autorités angolaises ne semblent pas avoir trop pris en compte, désireuses de s´assurer de l´unité du pays à l´aune d´un rendez-vous aussi prestigieux que le Championnat d´Afrique de football. Aussi, en retenant le Cabinda, enclavé entre la RDC et le Congo démocratique, comme lieu d´hébergement de l´un des groupes participant à la 27e CAN, l´Angola voulait faire d´une pierre deux coups. Avec le résultat que l´on connaît qui risque de remettre en question le déroulement de cette compétition qui, en tout état de cause, n´aura plus le même goût de fête du football. Surtout si le Togo décide de se retirer. Au final un beau gâchis!