L´Occident a décidé de mener une véritable guerre contre l´Iran, l´attaquant sur tous les fronts, tant celui du nucléaire - Téhéran étant suspecté de vouloir acquérir l´arme atomique sous couvert du nucléaire civil -, que celui des droits de l´homme. La totale! Que les Etats-Unis et l´Europe veuillent empêcher l´Iran d´accéder à un secteur hautement stratégique, la maîtrise de la technologie nucléaire, ou lui reprocher de ne pas se conformer aux règles internationales en la matière, cela peut, à la limite, aller de soi. Ce qui ne veut en rien dire que l´actuel harcèlement dont fait l´objet l´Iran soit normal ou entre de plain-pied avec les lois et le droit internationaux. Loin s´en faut! Mais cela se discute. En revanche, ce qui fait problème et reste inconcevable est bien le fait que ce soit Israël qui porte l´étendard punitif contre l´Iran, allant même jusqu´à mettre en avant l´option de l´attaque militaire, y compris l´usage de l´arme atomique contre la République islamique, pour son refus de se plier au diktat de l´Occident. Or, cet Occident qui mène l´offensive contre l´Iran, aux côtés de l´Etat hébreu, feint d´ignorer que celui-ci est le seul pays au monde qui refuse non seulement de prendre en compte les recommandations de l´ONU sur les processus du TNP et du Ctbt (respectivement, traité de non-prolifération nucléaire, et interdiction totale d´essai nucléaire), est également celui qui dénie à l´Agence internationale de l´Energie atomique (Aiea, agence de sûreté nucléaire dépendant de l´ONU) de mener des inspections sur ses centrales nucléaires alors que c´est un secret de Polichinelle que de dire qu´Israël est le huitième pays détenant l´arme nucléaire dans le monde. Le nucléaire israélien, bien qu´évident, est à ce point tabou que même l´ex-directeur général de l´Aiea, Mohamed El Baradei, en visite en Israël, a eu cette réponse grotesque, à une question d´un journaliste, selon laquelle il ne se trouvait pas dans ce pays pour parler du nucléaire. De quel sujet peut donc discuter quelqu´un chargé du contrôle du nucléaire dans le monde? Dès lors, plutôt que de se faire oublier, c´est Israël qui est le plus déterminé à faire rendre gorge à l´Iran, qui voit le Premier ministre israélien prendre son bâton de pèlerin pour inciter la Russie à faire chorus avec les loups. «Nous allons discuter d´un certain nombre de questions, mais d´abord et avant tout de l´Iran. Israël considère qu´une forte pression doit être exercée sur l´Iran», avait dit Netanyahu à son arrivée hier, dans la capitale russe. Le même avait auparavant parlé de «sanctions paralysantes» contre l´Iran. Voilà qui ne manque pas de sel de la part d´un pays qui parle haut et fort alors qu´il a toujours foulé aux pieds les résolutions de l´ONU, tant sur le nucléaire que celles afférentes au dossier palestinien. Toujours dans cette campagne contre l´Iran, l´Occident met l´accent sur les conditions des droits de l´homme dans ce pays, tout en fermant les yeux sur l´immense prison à ciel ouvert qu´est devenue Ghaza, coupée du monde depuis trois ans, en sus du mur de l´apartheid en Cisjordanie et la politique de bantoustanisation des territoires occupés palestiniens. Rien ne justifie, certes, les répressions que mène Téhéran contre ses opposants, mais comment se fait-il que l´Occident ne dise mot, parallèlement, sur les répressions sanglantes et les crimes de guerre d´Israël contre les Palestiniens? Comment peut-on, dans le même temps, sinon justifier, du moins «comprendre» Israël, tout en clouant au pilori l´Iran sur les mêmes faits? Nous n´en sommes plus «aux deux poids, deux mesures», mais à l´injonction «faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais». Ainsi, cet adage trouve toute son application dans le cas de l´Iran ou d´autres pays n´entrant pas dans le profil imposé par les puissants. La leçon que nous donne ainsi l´Occident ne risque pas d´être perdue pour tous.